Trop de doutes subsistent encore sur une hypothétique reprise de la demande mondiale de pétrole pour que les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole songent à un relèvement de leurs quotas de production. Dans ce contexte le secrétaire général du Cartel, Abdallah el-Badri a indiqué hier que les ministres “Opep” seront "réticents" à changer les quotas de production en mars si l'économie et la demande restent telles qu'elles sont. "La situation du marché va être très difficile pendant le premier et le deuxième trimestres", a déclaré M. el-Badri en marge d'une conférence à Londres, indiquant qu'il ne voyait pas "une vraie reprise de la demande avant les troisième et quatrième trimestres". Le secrétaire général de l'Opep a de plus indiqué que les stocks de pétrole sont "très élevés" et qu'ils devraient "augmenter au premier et au deuxième trimestres". Un point de vue d'ailleurs partagé par Francis Perrin rédacteur en chef du magazine Pétrole et Gaz arabes qui a estimé récemment que beaucoup de doutes subsistent sur l'ampleur et la durabilité de la reprise dans les pays de l'OCDE. Il indique que la crise financière mondiale est loin d'être réglée et a laissé pas mal de squelettes dans les placards de diverses institutions financières. Aussi, les capacités inutilisées de production de brut dans les pays de l'Opep sont probablement supérieures à 5 Mb/j, ce qui est considérable et dans les pays occidentaux, les stocks de pétrole et de produits raffinés sont à des niveaux historiquement élevés; Néanmoins, les cours du pétrole réussissent pour l'heure à se maintenir au-dessus des 70 dollars grâce aux spéculateurs. Ainsi, le contrat sur le brut du Nymex a franchi hier la barre de 75 dollars le baril, tiré vers le haut par le fléchissement du dollar et par une plus grande confiance dans les perspectives économiques, après la parution de bonnes statistiques aux Etats-Unis. Autre élément encourageant pour la demande aux Etats-Unis, "les températures devraient rester assez froides dans les deux semaines à venir", notait Olivier Jakob, analyste de Petromatrix. Dans ce contexte, le prochain rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE) devrait fournir une indication importante au marché, mercredi. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires anticipent une hausse des stocks de brut et d'essence, de respectivement 400'000 barils et 1 million de barils. Seules les réserves de distillats, qui incluent le fioul de chauffage, pourraient avoir baissé de 700'000 barils, selon leurs estimations. Au Nigeria, l'un des premiers pays producteurs africains de brut, le principal mouvement rebelle du sud pétrolier, le Mend, a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi la fin de son cessez-le-feu unilatéral et menacé d'attaquer toutes les compagnies actives dans la région. Par ailleurs, le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a arrêté une partie de sa production dans le pays après avoir constaté des actes de vandalisme sur un important oléoduc. Autre source de tensions, le New York Times affirme que les Etats-Unis accélèrent le déploiement de systèmes antimissiles dans le Golfe afin de parer à une éventuelle attaque iranienne. Dennis Gartman, auteur de la Gartman Letter, juge cependant peu probable que le brut WTI parvienne à monter beaucoup au-delà de 77 ou 78 dollars le baril, et indique que plus les cours s'approcheront de ce niveau, plus il sera incité à vendre. Selon Andy Riddell, chez London Capital Group, le marché est susceptible d'enregistrer une correction baissière. "Si l'on enfonce les points bas de la semaine dernière, on pourrait facilement descendre sous 65 dollars le baril", estime-t-il. Andrey Kryuchenkov, chez VTB Capital à Londres, recommande la prudence, en dépit de l'humeur positive qui règne, et suggère de surveiller le dollar, car une hausse de la devise américaine pourrait peser sur les prix de l'or noir.