De véritables affaires liées à la corruption socialisée sont dévoilées quotidiennement par la presse en Algérie et les pouvoirs concernés. Celles-ci menacent, en premier lieu, la sécurité nationale du pays, car elles impliquent les gros bonnets de différents secteurs. A commencer par le scandale relatif à l'affaire de l'autoroute Est-Ouest où quatre personnes ont été arrêtées soupçonnées d'avoir touché des pots-de-vin dans des contrats liés à ce projet. Ainsi, le secrétaire général du département de Amar Ghoul est le premier personnage visé après plusieurs plaintes de la part de groupements étrangers, citant comme exemple le groupement chinois Citic-Crcc en charge de la construction des parties Centre et Ouest de l'autoroute. Les 3 autres sont également des responsables qui exercent au niveau de l'Agence nationale des autoroutes, ils ont été arrêtés également suite à des pressions exercées sur les étrangers en leur exigeant des avantages personnels tels que des visas, des téléphones portables, des caméras,…etc. Ajoutant à cette affaire, celle du président-directeur général de l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) qui a été auditionné, jeudi, par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Ce dernier relève du ministère des Transports. A l'heure actuelle, peu d'éléments d'information ont filtré sur les raisons qui ont conduit à cette audition. Il semblerait, toutefois, qu'elle serait liée à une ou plusieurs passations de marchés dans le cadre des nombreux projets placés sous la responsabilité de l'Entreprise du métro d'Alger. Aussi, il faut rappeler qu'au mois d'octobre 2009, ce secteur avait été secoué déjà par la mise en détention provisoire du directeur de la planification du même ministère. Celui-ci, selon des sources concordantes, été également poursuivi pour corruption dans le cadre du marché d'équipement du projet du métro d'Alger, estimé à 380 millions d'euros. Le directeur de la planification est accusé d'avoir facilité l'attribution du marché à un consortium conduit par l'entreprise allemande Siemens, favorisé ainsi le groupe allemand face à ses concurrents, notamment le français Alstom. Citant également, dans le même contexte, une vingtaine de marchés qui ont été octroyés de gré à gré par des responsables de la compagnie aérienne Tassili Airlines dont les actions sont entièrement détenues par le groupe Sonatrach. En effet, de la formation aéronautique à l'hébergement du personnel navigant en passant par la connexion à internet, Tassili Airlines a souvent eu recours au gré à gré. Le montant des marchés varie en fonction de l'importance des réalisations et de la durée du contrat signé.
Scandale de l'affaire Sonatrach Le scandale qui marque la une de l'actualité en ce moment, c'est l'implication des six cadres de la Sonatrach, dont l'ancien P-DG Mohamed Meziane et deux vice-présidents, ainsi que trois directeurs, placés depuis un moment sous contrôle judiciaire suite essentiellement à une affaire de corruption, qui a complètement secoué l'entreprise nationale des hydrocarbures. Selon des informations, l'affaire a éclaté lors de la visite d'inspection et d'investigation au siège du ministère de l'Energie et des mines en fin d'année 2009, qui ont conduit au placement sous contrôle judiciaire du PDG de Sonatrach.. Les directeurs concernés par ce scandale étaient chargés des affaires sociales, du forage, du transport et de la commercialisation. Ces accusés seront présentés aujourd'hui devant la Chambre d'accusation du tribunal d'Alger. Cette dernière, après deux reports, devra se prononcer sur une demande du procureur de la République concernant le placement sous contrôle judiciaire des six prévenus. Pour sa part, la défense conteste la mise sous contrôle judiciaire des prévenus et demande la levée de cette décision. L'affaire a été mise en délibéré le 3 février en attendant un complément d'information. Selon nos sources, de nouveaux éléments à charge contre les cadres mis en cause ont été versés au dossier par l'accusation. Les prévenus assurent individuellement leur défense. A la demande de Chakib Khelil, le collectif d'avocats désigné initialement par Sonatrach s'est retiré. Mais la compagnie nationale des hydrocarbures ne s'est pas constituée partie civile dans cette affaire. Au départ, Sonatrach avait constitué un collectif d'avocats pour défendre ses cadres.
Les paroles du Ministre de l'Energie et des Mines concernant le scandale Aussi, le ministre de l'Energie et des Mines a affirmé avoir appris l'existence de l'enquête via la presse nationale. Mais la question qui se pose est : s'il était normal qu'un ministre soit en retrait de ce qui se trame à la Sonatrach, une entreprise pétrolière qui fait vivre tout le pays et participe à hauteur de 98% des recettes en devises du pays (la plus importante société algérienne emploie 125 000 personnes et a réalisé en 2008 un bénéfice net de près de 9,2 milliards de dollars). Face à cela, le ministre a eu cette réponse. Aussi, il a tenu à souligner: "tous ces cadres sont présumés innocents jusqu'à ce que la justice prouve leur culpabilité". Dans ce cadre, il y a lieu de comprendre, qu'une personne même inculpée par la justice est innocente jusqu'à preuve du contraire. Laissons le soin à la justice de faire son travail sereinement. Cependant, ce scandale aura un impact négatif à court terme sur l'image de la Sonatrach et donc sur l'image de l'Algérie, car le groupe Sonatrach, c'est l'Algérie expliquant la résonance internationale du scandale. Dans ce sens, M. Chakib Khelil a reconnu qu'il est difficile, actuellement, d'évaluer les répercussions à court terme. "Il faudra donc attendre au moins une année pour voir". Or , il a de même affirmé que la production des hydrocarbures de l'Algérie n'a pas été affectée par cette affaire. Effectivement, 170 projets, dont certains dépassent les milliards de dollars, sont en cours de réalisation. Actuellement, le vice-président de l'activité Aval, Abdelhafid Feghouli, est lui seul chargé d'assurer l'intérim à la tête de la Sonatrach et cela depuis le scandale. Finalement, tout porte à croire que ces affaires de corruption étalées au grand jour ces derniers temps ne vont pas rester sans laisser de séquelles. Mais, il y a lieu de savoir si cette campagne mains propres sera inscrite dans la durée, ou si, au contraire, elle ressemblerait à toutes les autres campagnes. Signalons qu'il existe une loi 01/06 de février 2006 relative à la prévention et la lutte contre la corruption. Alors, il est temps de penser sérieusement à mettre en place des moyens de contrôle adéquats comme des instances judiciaires ou des instances de contrôle autonomes. Aussi, la série de scandales liés à la corruption dénote de la volonté du chef de l'Etat d'éradiquer ce phénomène, même s'il s'agit de cadres de haut niveau.