Les ministres des Finances du G7 ont cherché à rassurer le reste du monde, samedi à l'issue d'une réunion à Iqaluit (Canada), sur leur objectif commun de conforter une reprise économique bien fragile, en s'engageant à continuer leur politique de relance. "Nous continuerons à mettre en oeuvre la politique de relance à laquelle nous nous sommes respectivement engagés, et envisageons les stratégies de sortie", a indiqué le ministre canadien Jim Flaherty, chargé lors d'une conférence de presse commune de résumer la teneur des débats. "Nous sommes tous résolus à continuer à soutenir nos économies jusqu'à ce qu'une reprise solide soit établie", a appuyé le ministre britannique des Finances Alistair Darling. "Nous devons nous assurer que nous ne remettons pas en cause la reprise économique mondiale", a pour sa part résumé le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner. La croissance revenue progressivement dans les pays du G7 depuis l'été reste globalement faible, et largement soutenue par le soutien de la puissance publique à l'activité. Et les questions de dette publique, qui ont provoqué la chute des indices boursiers lors des jours précédant la réunion, et de difficulté à sortir d'une politique d'accroissement des dépenses, ont été reléguées au second plan dans cette conférence de presse. Sans l'avoir prévu, les gouvernants s'étaient retrouvés face à un nouvel accès d'angoisse des marchés financiers mondiaux. Les indices boursiers ont connu une semaine très difficile, laminés par la crainte que des pays comme la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ne puissent pas se sortir seuls de leurs graves problèmes de dette. Les ministres des Finances des sept principales économies mondiales, hors la Chine, ont promis samedi dans le Grand Nord de travailler au refroidissement des marchés mondiaux, et de poursuivre les mesures de soutien aux économies défaillantes. Les Sept ont également pris l'engagement de demander au Fond monétaire international d'effacer la dette d'Haïti auprès des institutions internationales après le séisme qui a frappé l'île caraïbe. Le FMI avait accordé un prêt sans intérêt de 102 millions de dollars à Haïti le mois dernier, et la Banque mondiale une aide de 100 millions. Une précédente ardoise de 1,2 milliard de dollars avait été oubliée en juin dernier. "Une nation ensevelie sous les ruines ne doit pas en plus être submergée par les dettes", a commenté le Premier ministre Gordon Brown, qui avait déjà remis les dettes d'Haïti vis-à-vis de son pays. S'exprimant pour le groupe, le ministre canadien des Finances Jim Flaherty a précisé que le G7 avait aussi envisagé des stratégies de sortie de crise, pour mettre fin aux plans de relance une fois que la reprise sera là. Mais les grands argentiers n'ont pas laissé percer d'intention de renforcer les plans existants. La question de savoir ce que le G7 comptait faire pour régler le problème a été posée lors d'une conférence de presse commune à trois ministres des Finances de la zone euro: l'Allemand Wolfgang Schaüble, la Française Christine Lagarde et l'Italien Giulio Tremonti. Mais alors qu'ils hésitaient pour savoir qui prendrait la parole, c'est M. Flaherty qui s'est exprimé à leur place, répétant comme il l'avait dit la veille que le sujet devait être "géré par l'Union européenne, pas par le G7". L'euro était tombé vendredi à son plus bas niveau face au dollar depuis mai, et face au yen depuis avril. La dette des pays du G7, qui dépasse les 30.000 milliards de dollars, n'a pas été évoquée par les ministres. Invités par la présidence canadienne, les membres du G7 --Etats-Unis, Japon, et quatre pays européens (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni)-- étaient venus dans le Grand Nord pour discuter librement, sans obligation de résultat. Iqaluit n'a pas donné lieu à un message solennel, sur par exemple les taux de changes, dont celui du yuan chinois, jugé artificiellement bas. "Nous avons discuté des changes bien sûr", a indiqué M. Flaherty, sans autre précision. Sur la régulation financière, M. Geithner a voulu rassurer en rapportant que les ministres avaient conscience de la nécessité d'aboutir à une certaine cohérence. Les ministres ont expliqué qu'ils avaient apprécié la formule retenue par leurs hôtes, M. Flaherty se félicitant de la tenue de ces "conversations au coin du feu". "Venir dans le froid et dans cette belle ville a donné aux choses un air chaleureux", a estimé Mme Lagarde, partie ensuite s'essayer au traîneau à chiens. Le Canada a confirmé que le G7 allait continuer à se rencontrer de façon épisodique. Le pays doit accueiller un sommet de ce groupe en juin, à Huntsville, une ville de moins de 20.000 habitants nichée dans une forêt appréciée des habitants de la plus grande métropole du pays, Toronto.