Alors que les cours du pétrole s'inscrivent dans une tendance baissière, enfoncés par des doutes sur la reprise économique en 2010, c'est la demande en produits pétroliers qui dégringole en Europe. Résultat : 10 à 15 % des 114 raffineries européennes devraient fermer. Jean-Louis Schilanski, président de l'union française des industries pétrolières (Ufip) a estimé qu'" il faudrait fermer 10 à 15 % des 114 raffineries européennes. " La flambée des prix du brut - ils avaient atteint le record de 148,5 dollars le baril à New York en juillet 2008 - a été suivie de la crise économique et financière qui a entraîné un recul du trafic maritime, automobile et aérien, particulièrement sensible en Europe et aux Etats-Unis. La consommation de carburants est un bon indicateur de la santé économique. Dans son bilan 2009, l'Union française des industries pétrolières (Ufip) constate qu'elle a reculé de 2,6 % en 2009 par rapport à 2007 : - 3 % pour le super, - 2,1 % pour le fioul domestique, - 11,6 % pour le fioul lourd et - 5,5 % pour les carburants d'avion. Seul le gazole, qui représente les trois-quarts des carburants automobiles, progresse (+ 1,1%). La crise et la flambée des prix auront "durablement" modifié le comportement des automobilistes, affirme l'Ufip. Selon un sondage Ifop réalisé pour le syndicat patronal auprès de 782 personnes, 80% des sondés affirment qu'ils ne prendront plus leur voiture si les prix baissent à la pompe. Ils sont 56 % à dire qu'ils roulent moins vite et 37% à assurer utiliser moins leur véhicule. Les perspectives du secteur du raffinage (661 sites) ne sont donc pas brillantes. Au niveau mondial, les excédents de capacités sont importants. Sur une production quotidienne de 84 millions de barils, ils dépassent aujourd'hui 7 millions de barils et devraient culminer à 9 millions en 2013, selon l'Ufip. En 2009, les raffineurs ont construit de nouveaux sites, mais dans les régions pétrolières et les pays émergents : Moyen-Orient et en Asie (hors Japon). La situation est inverse en Europe, où ils ont vu leurs débouchés à l'exportation se réduire. En Italie, la situation pourrait entraîner "la fermeture de quatre à cinq raffineries" (sur 16 sites), a prévenu, mardi, Pasquale De Vita, président de l'Union pétrolière. En France, 11 raffineries ont fermé depuis 1978. Mais, ces fermetures devraient elles avoir un impact sur l'évolution des cours du pétrole. Tout porte à croire que oui, étant donné qu'elles influeront certainement sur la demande. Couplée à des doutes sur la reprise, cela n'augure d'ailleurs pas de meilleurs jours pour le pétrole.