Les prix du pétrole ont ouvert en baisse vendredi dernier à New York, le baril cédant 1,34 dollar à 39,83 dollars, affaibli par l'aggravation du chômage aux Etats-Unis, qui avivait les craintes pour la demande d'or noir. Une semaine relativement agitée sur les marchés pétroliers. Les cours du pétrole peinent ainsi à reprendre dans une conjoncture difficile caractérisée par des craintes sur la demande alimentées par une nouvelle chute des marchés d'actions et de l'immobilier et par des prévisions sombres émises par le Fonds monétaire international. Les marchés d'actions et de l'immobilier ont perdu trente mille milliards de dollars. Et c'est l'économiste en chef à la Banque mondiale qui l'a annoncé la semaine dernière. Cette situation va-elle perdurer ? Les pronostics du FMI s'annoncent moroses et la crise financière mondiale s'enlise. De quoi attiser davantage les craintes sur la demande pétrolière, un facteur qui n'est pas de nature à faire augmenter les prix. Du moins pas dans l'immédiat. Le Fonds monétaire entrevoit une récession dans les pays développés en 2009, avec une contraction de l'activité qui devrait atteindre 0,3% et qui serait la première depuis l'après-guerre. Autre donnée, les investisseurs se sont d'autant plus délestés de leur pétrole qu'ils ont vu leur pouvoir d'achat érodé, émietté dans certains pays, par une remontée du dollar face à l'euro : il est des jours où le billet vert s'est nettement raffermi, remontant jusqu'à 1,2712 dollar contre un euro, après l'annonce d'une baisse des taux de la Banque centrale européenne. Une reprise qui commence cependant à se tasser. Les cours du pétrole suivent à la trace ces mouvements des marchés. Cette tendance baissière avait effacé des gains acquis ces dernières semaines. En résumé, les prix du pétrole ont perdu soixante pour cent de leur valeur. Des records successifs enregistrés l'été dernier on en est vraiment loin. Cette dégringolade est le résultat de deux facteurs conjugués : la cherté des carburants et le ralentissement économique mondial. De l'optimise cependant dans l'air. Pour l'Agence internationale de l'Energie (AIE), le niveau actuel des prix ne devrait être qu'un épisode de quelques mois avant une nouvelle flambée des cours. Dans son rapport sur les perspectives énergétiques mondiales, l'Agence s'attend à ce que le prix du pétrole repasse au-dessus de 100 dollars le baril et prévoit qu'il atteindra 200 dollars en 2030. Elle table sur une moyenne de 100 dollars le baril pour le prix du pétrole sur la période 2009-2015, en dollars constants de 2007 (c'est-à-dire hors inflation). De l'optimise démesuré de la part de cette agence ? Voit-elle juste ? L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), pour inverser cette tendance baissière, projette d'opérer de nouvelles coupes dans ses quotas de production. Ses membres ne produisent plus au maximum de leur capacité. Ils ne pouvaient, pour certains d'entre eux en tout cas, extraire davantage de pétrole. L'organisation pétrolière se réunira le 15 mars prochain en conférence ordinaire à Vienne. Les marchés connaissent depuis des mois une physionomie inattendue, un peu particulière. Cette baisse succède à une hausse des prix inattendue. Et, contrairement aux chocs pétroliers de 1973-1974 et de 1979-1980, l'envolée des cours, complètement inattendue, et les préoccupations concernant la sécurité, n'étaient pas le résultat d'un embargo, d'une baisse des exportations ou de l'utilisation de l'or noir comme arme par tel ou tel pays producteur, estime Nicolas Sarkis dans une importante analyse, une tribune dans les colonnes du Monde diplomatique. Cette hausse, les records en série enregistrés l'été dernier, comme cité plus haut, trouve, selon lui, son origine dans deux séries de facteurs. Les premiers sont de nature géopolitique, notamment les attentats, les affrontements militaires et l'instabilité politique au Proche-Orient, les tensions autour du programme nucléaire iranien, les conflits au Nigeria, etc. Les autres sont encore plus inquiétants parce que plus durables, dans la mesure où ils touchent à l'équilibre entre l'offre et la demande. Y. S.