Le futur code des marchés publics prône la préférence nationale. Ce qui inquiète les partenaires étrangers dont les entreprises françaises qui se disent lésées. En effet, l'Algérie compte modifier prochainement son code des marchés publics dans un sens plus favorable aux entreprises nationales. L'Algérie va généraliser ainsi à tous les secteurs une démarche de préférence nationale initiée à l'automne 2009 dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Le nouveau programme public quinquennal de développement 2010-2014 doté de 150 mds de dollars (108,3 mds€) devrait bénéficier prioritairement aux entreprises algériennes. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a déjà demandé au ministre des Finances, Karim Djoudi, de réviser les textes réglementaires dans ce sens. Le grand argentier du pays doit rendre sa copie "au plus tard à la fin du mois de février 2010". La nouvelle mouture du code des marchés publics devrait conduire à généraliser à tous les secteurs une démarche de préférence nationale qui avait déjà été annoncée à l'automne 2009, pour les seules entreprises du secteur du bâtiment et des travaux publics. Toutes ces mesures sont venues dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC) adoptée en juillet 2009. Dans la même logique, le Premier ministre, a demandé aux responsables des Sociétés de gestion et de participation (SGP), aux P-DG des entreprises publiques économiques (EPE) et aux directeurs d'instituts sous tutelle de "réduire le recours aux bureaux d'études étrangers" et de "recourir aux entreprises nationales pour les biens et services produits localement". Pour le Premier ministre, le recours aux entreprises étrangères doit se limiter "aux grands projets d'infrastructures pour lesquels le savoir-faire national demeure encore insuffisant". Pour les entreprises étrangères, en particulier françaises, il s'agit d'un nouveau coup dur qui vient d'être porté aux opérateurs déjà présents dans le pays. La loi de finances algérienne impose désormais aux importateurs algériens le crédit documentaire comme seul moyen de paiement, avec obligation de déposer une garantie à hauteur de 25% du montant de la transaction. La France a demandé à l'Algérie de la souplesse pour les PME, notamment marseillaises, qui ont subi de plein fouet les nouvelles mesures prises par le gouvernement algérien. Répondant à l'appel de l'Union maritime et fluviale de Marseille-Fos, la secrétaire d'Etat au commerce, Anne Marie Idrac, s'est rendue à Marseille afin d'écouter des entreprises portuaires et des PME de la région Paca, affectées par les nouvelles dispositions algériennes qui imposent le crédit documentaire comme seule technique de paiement et interdisent l'envoi de matériels et biens d'équipement d'occasion. Une chose est sûre, même si l'Etat algérien s'engage à ne produire aucune loi à caractère rétroactif, il entend toutefois privilégier par tous les moyens la production locale au détriment de l'importation. L'Algérie subit, elle aussi, les effets de la crise mondiale qui a fait plonger les prix du pétrole sur le marché international. L'Algérie a vu ses exportations du premier semestre 2009 (20 milliards de dollars) chuter de 50% par rapport à la même période de 2008, alors que les importations, qui ont explosé depuis 2006, se maintiennent au niveau élevé de 19 milliards de dollars. L'excédent de la balance commerciale, de 20 milliards de dollars au premier semestre 2008, a donc fondu à un milliard au cours du premier semestre de cette année. Ce qui a poussé les pouvoirs publics à réagir en faisant tout pour réduire les importations. Que cela déplaise à ses partenaires, la question n'est décidément pas là. Il s'agit plutôt de trouver le moyen de rééquilibrer le déficit de la balance des payements. Encore faudra-t-il penser à mettre en place des stratégies à long terme pour éviter de recourir à chaque fois à des correctifs qui pourraient porter préjudice à la croissance et à l'économie nationale en général.