L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole cette année, qui devrait croître de 1,8% par rapport à 2009, tirée par les pays émergents, selon son rapport mensuel publié jeudi. L'agence, qui représente les intérêts des pays industrialisés, prévoit que le monde consommera 86,5 millions de barils par jour (mbj) en 2010, après 84,9 mbj l'an dernier. Elle tablait jusque-là sur un rebond de 1,7%. La prévision de demande en 2009, en baisse de 1,5% sur un an, est quasiment inchangée par rapport à celle de janvier. En tablant sur un rebond plus fort pour cette année, l'AIE, dont le siège est à Paris, prend en compte les nouvelles prévisions, revues à la hausse, du Fonds monétaire international (FMI), qui s'attend désormais à une croissance mondiale de 3,8% en 2010. Mais "un prix plus élevé" attendu pour 2010 (75 dollars le baril), "combiné avec des prévisions préliminaires de demande de pétrole toujours faibles dans les pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, qui réunit les Etats industrialisés, ndlr), compensent en partie" cette croissance économique plus forte, selon le rapport. En effet, "la croissance de cette année viendra entièrement de pays hors OCDE (+4%) où la demande de pétrole est très sensible à l'activité économique", ajoute l'AIE. Les prévisions de demande ont notamment été revues à la hausse pour la Chine et d'autres pays d'Asie. Alors que la croissance de l'économie devrait être plus forte à la fois dans l'OCDE et dans les pays émergents, cela ne se traduit nullement dans la demande de pétrole des Etats industrialisés. L'AIE évoque ainsi une "reprise sans pétrole" dans l'OCDE, liée aux modifications structurelles des comportements en faveur d'énergies moins polluantes, notamment en matière de chauffage. Ainsi, note-t-elle, "la vague de froid qui a frappé l'hémisphère nord en décembre et janvier ne s'est pas traduite par une augmentation remarquable de la demande de pétrole". Pour l'agence, le pic de la demande dans cette zone est donc "probablement" passé, "avec toutes les conséquences négatives que cela implique pour les activités de raffinage dans l'OCDE". Après avoir chuté de 4,4% en 2009 par rapport à 2008, la demande devrait stagner cette année dans la zone OCDE. En revanche, "la soif de pétrole dans les économies émergentes ne semble pas près de diminuer pour l'instant", selon le rapport. Elle devrait grimper de 4% en 2010, à 41 mbj, après une hausse de 2% l'an dernier. Quant à la production de pétrole, qui avait régulièrement progressé dans les derniers mois de 2009, elle recule en janvier à 85,8 mbj, contre 86,2 mbj en décembre, selon le rapport. Notons que dans un rapport sur le pic pétrolier et la sécurité énergétique, le deuxième du genre, le Groupement des industries britannique a appelé le gouvernement, les entreprises et les consommateurs à se mobiliser ensemble pour faire face à une stagnation de la production mondiale de pétrole, qu'il situe en 2015. Le groupement rassemble plusieurs industriels britanniques "inquiets que la sécurité énergétique ne reçoive pas l'attention qu'elle mérite". Parmi eux figure Richard Branson, une des figures les plus charismatiques du patronat britannique. A compter de 2015, la production mondiale de pétrole devrait plafonner autour de 95 millions de barils par jour (mbj), selon le rapport. Le même document indique que la récession a toutefois retardé de deux ans cette échéance, ce qui donne "un temps précieux pour planifier un avenir où s'annoncent une augmentation structurelle des prix du pétrole, couplée à des pénuries et à de fortes variations des cours" du brut. "Nous devons nous assurer que le gouvernement prend des mesures pour prévenir l'impact de la crise pétrolière et il doit s'assurer que le Royaume-Uni est mieux préparé à affronter des prix plus volatils et plus élevés", a affirmé Richard Branson.