Le développement de l'agriculture en Afrique est sérieusement handicapé par un constant "sous-investissement" qui compromet les objectifs nationaux concernant la sécurité alimentaire, ont convenu plusieurs experts du secteur réunis cette semaine à Dakar. Un tel constat a fait l'unanimité des participants à une rencontre régionale sur le financement du Programme national d'investissement agricole (PNIA), une initiative de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) et de l'Union africaine pour la période 2005-2010. Intervenant lors d'une conférence de presse à l'issue de cette rencontre, le commissaire de la CEDEAO chargé de l'agriculture et de l'environnement, Ousseynou Salifou, a soutenu que la situation de l'agriculture en Afrique est le résultat d'un "sous-investissement massif" et que les politiques nationales pour le secteur ne sont pas dotées des moyens à même d'atteindre les objectifs de la sécurité alimentaire. "Il faut repenser nos politiques nationales agricoles pour régler le problème de l'autosuffisance alimentaire. La crise alimentaire de 2007 nous a rappelé à nos priorités", a-t-il souligné. Le programme PNIA est articulé autour de six thèmes portant sur l'amélioration de la gestion de l'eau, le développement durable des exploitations agricoles, la gestion améliorée des autres ressources naturelles, le développement des filières agricoles et la promotion des marches, la prévention et la gestion des crises alimentaires. Le coût global de la PNIA est estimé à 2015,6 milliards de francs CFA (1 euro environ 655 Fcfa) avec un engagement des Etats à hauteur de 767,7 milliards, soit 38 pc du montant total. Pour assurer cet effort de financement, les chefs d'Etat africains se sont engagés, dans le cadre du Programme détaillé de développement de l'agriculture en Afrique (PDDAA), à consacrer 10 % de leurs budgets au secteur agricole. Intervenant aux travaux de cette rencontre, le président sénégalais, Me Abdoulayé Wade a relevé un autre handicap au développement de l'agriculture en Afrique. Il a affirmé à ce sujet que le système de financement de l'agriculture se caractérise par des taux d'intérêt élevés, estimant que le système classique des banques conventionnelles ne convient pas aux besoins de proximité du monde rurale. Il a plaidé, à cette occasion, pour la généralisation du projet de "la banque rurale" initié au Sénégal pour répondre aux besoins des agriculteurs par des services de financement adaptés. Je ne doute pas qu'avec les résultats atteints cette année que le projet pilote de la banque rurale sera un succès, a-t-il affirmé, précisant qu'une telle initiative vise à encadrer les producteurs agricoles dans le domaine du management des ressources financières afin qu'ils puissent s'insérer dans les circuits financiers.