Le festival international des arts de l'Ahaggar s'est clôturé hier, au campement d'Abalessa avec une affiche des plus ordinaires : dans la soirée trois spectacles de musique respectivement animés par Baddi Lalla de Tamanrasset, El Maya de Béni Abbès et le groupe Zemour de la RASD. Presque tous serviront exceptionnellement du Tindé, une musique locale surtout basée sur la percussion . Depuis mercredi et comme nous l'avions déjà annoncé, ce rendez-vous s'est déplacé à l'ancienne capitale de l'Ahaggar, Abalessa à 80 km de Tam. Point de végétation, ni de massif montagneux, ni de dunes dans cet endroit aussi vague que poussiéreux. Les tenues blanches et les chaussures cirées, c'est à éviter ! Quatre jours durant, les associations culturelles venues des alentours ne bougeaient pas de leurs tentes qui faisaient face à la scène où se déroulait l'essentiel du programme d'animation de ce festival. Quoique l'endroit soit distant de plus de 5 km de la plupart des villages alentours, les gens venaient à pied depuis leur village qu'on devinait à travers une végétation ingrate. Sur la route, on voyait des jeunes, des femmes en groupe, et surtout des enfants en guenilles, qui parfois tentaient vainement d'arrêter un 4x4 de passage, un bus officiel. Ils étaient chaque jour beaucoup plus nombreux que la veille. Impressionnant. Les yeux des petits devenaient lumineux lorsqu'ils voyaient sous un petit chapiteau où se déroulaient quelques projections de films, des images de leurs semblables. " Les enfants de Timimoun " un 13 mnproduit par l'ENTV et réalisé par Nawel Belaidi les a fait beaucoup rire. " Si Timiaouine m'était contée ", un 26 mn (ENTV) réalisé par Bouzid Ould Hocine, les a vivement intéressé. Le chapiteau ne pouvait pas contenir plus de 40 personnes et c'était jamais plein. Les rondes des femmes étaient toujours à part, ou loin de la scène ou tout près. Les jeunes et les petits envahissaient les cordons de sécurité, sautillaient pour bien voir. Tous veillaient jusqu'à l'extinction radicale des lumières : à peu près minuit 30. Ils ne ramenaient ni leurs gamelles, ni leurs bouteilles d'eau. Ils s'amusaient à sec. Généreux, tolérant était ce public quand la conteuse Sabine Pakora leur a remis trois fois de suite (3 soirs de suite) le même spectacle avec quelques variantes qui les ont beaucoup amusés. Elle était avec son griot (percussionniste et guitariste), Moussa Koïta et tous les deux ont misé, pour pas trop ennuyer les gens, sur l'improvisation. C'est alors que Sabine invite " les petits danseurs " parmi le public, à la rejoindre sur scène. Les candidats étaient nombreux à vouloir imiter sa gestuelle antique. " parlez arabe ! " lançait un gamin d'un ton dépité. Sabine elle-même s'est dit frustrée de ne pas parler cette langue alors que " je sens un parfait filling entre eux et moi ". A chaque soir, dès qu'ils la voyaient avec son corps généreux, ses longues tresses noires qui dansent avec elle, ça sifflait de partout. Sous les tentes, les associations culturelles somnolaient, certaines dormaient carrément malgré le boucan. Elles sont là du matin au soir, certaines passent la nuit dans le campement. Au deuxième jour de l'ouverture du campement, les joueuses de l'Imzad avaient perdu leur entrain : Elle ne jouaient presque plus. Sous leurs tentes, certaines palabraient à voix basse, d'autres se prélassaient ou faisaient carrément un somme sur un tapis berbère. Ce qui est impressionnant, c'est que quel que soit le type d'animation qu'on propose à ce public, il y accourt, le regard plein de tolérance. Rien ne les ennuie, même pas la cérémonie des remises des prix aux lauréats du concours du festival dont personne n'a entendu parler. " Manaraf wachnou " disait un môme aux cheveux broussailleux. Djamel Allam, qui a sélectionné son répertoire, a beaucoup plu. Les femmes le regardaient en souriant timidement. De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Yasmine Ben