Un juge a été abattu par un homme masqué armé d'un pistolet avec silencieux, et son fils de neuf ans blessé alors qu'ils quittaient en voiture leur maison située dans l'ouest de Bagdad, a annoncé mercredi la police. Selon la police, il s'agit du juge Mohammed Abdul-Ghafur, un sunnite qui travaillait pour un tribunal de l'est de Bagdad. L'attaque s'est produite dans la matinée dans le quartier à majorité sunnite de Yarmouk. Notons que le sunnite Tarek al Hachémi, a indiqué dans une interview à Reuters que la réconciliation entre les sunnites, qui dominaient l'Irak sous Saddam Hussein, et les chiites, majoritaires dans la population, a échoué au niveau politique, mais le pays ne basculera plus dans une guerre civile. Les élections législatives du 7 mars devraient être un moment charnière pour l'Irak qui tente d'émerger de la guerre et des violences intercommunautaires qui l'ont ensanglanté après l'invasion américano-britannique de 2003. Tarek al Hachémi, l'un des deux vice-présidents irakiens, qui appartient à une alliance opposée, au parlement, au Premier ministre chiite Nouri al Maliki, estime que jusqu'à présent, les efforts de réconciliation entre les chiites et les sunnites n'ont pas abouti. "La réconciliation est l'un des projets sur lesquels le gouvernement a échoué et la raison en est qu'il n'y a pas de réelle volonté de réconciliation nationale. Il n'y a aucune volonté réelle de réconciliation", a-t-il dit à Reuters. Le pays est bien loin aujourd'hui des jours sombres où les violences entre communautés rivales ont culminé en 2006-2007, et il a vu la violence décliner au cours des deux dernières années, mais les attaques et attentats demeurent malgré tout fréquents et certains redoutent une série d'attentats et de fusillades à l'approche du scrutin. "L'Irak a écarté la possibilité d'un retour à la guerre civile intercommunautaire", dit Hachémi. "C'est terminé". Aujourd'hui, les problèmes que connaît l'Irak ne se situent pas au sein de la population mais plutôt au sein des élites politiques. "Malgré l'amélioration (...), la sécurité demeure fragile et risque de se détériorer à tout moment. Nous devons rester prudents tant que le pays ne s'est pas redressé", estime Hachémi. Les tensions entre communautés sont remontées depuis l'annonce de l'interdiction de candidats qui auraient des liens avec le parti Baas, aujourd'hui interdit, qui était au pouvoir sous Saddam Hussein. Dans les milieux sunnites, ces interdictions ont ravivé la crainte d'un complot chiite visant à les marginaliser à l'approche des élections du 7 mars. Un homme politique sunnite en vue, Saleh al Moutlak, qui a été interdit de candidature en mars, a retiré son parti du scrutin. Hachémi, qui s'est allié à Moutlak et à l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui au sein de la formation nationaliste Irakia, estime que des considérations politiques sont à l'origine de son interdiction, et que ces considérations visent à réduire les chances de sa coalition le 7 mars.