La Réserve fédérale américaine mène actuellement une enquête sur la manière dont Goldman Sachs pourrait avoir aidé la Grèce à dissimuler l'ampleur de son déficit budgétaire en ayant recours à des produits dérivés financiers, annonce Ben Bernanke. Cette annonce surprise du président de la Fed a eu lieu lors de son audition semestrielle sur l'état de l'économie par la Commission bancaire du Sénat en réponse à l'inquiétude croissante du président de cette commission, Christopher Dodd, sur le sujet. "Nous étudions un certain nombre de questions liées à Goldman Sachs et d'autres établissements (financiers) dans leurs opérations sur les dérivés avec la Grèce", a déclaré Ben Bernanke. Il a ajouté que la Securities & Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse aux Etats-Unis, s'intéressait également à la possible implication d'autres établissements dans ce dossier et à la manière dont ils auraient agi. "Evidemment, l'utilisation de ces instruments d'une façon qui pourrait potentiellement déstabiliser un entreprise ou un pays est contre-productif", a dit le successeur d'Alan Greespan à la tête de la Fed. "Nous allons sans doute évaluer ce que nous apprennent les activités des maisons mères que nous supervisons ici aux Etats-Unis." Goldman Sachs a monté un swap de devises pour la Grèce, sans en dévoiler l'existence, ce qui a permis au pays de dissimuler l'ampleur de son déficit. De fait, la banque américaine a réalisé pour le compte de la Grèce un placement d'obligations de 15 milliards de dollars au total après avoir monté ce swap, permettant à Athènes, pressé de lever un milliard de dollars de financements hors bilan en 2002 par ce biais-là. Le ministre des Finances grec George Papaconstantinou a souligné que les opérations sur les marchés de produits dérivés menées par la Grèce étaient autorisées à l'époque et qu'Athènes n'avait plus eu recours à de telles pratiques depuis leur interdiction par Eurostat en 2008. Notons que pour leur part, les inspecteurs de l'Union européenne et les agences de notation accroissent leurs pressions sur la Grèce, qui se prépare à émettre un nouvel emprunt obligataire. Les inspecteurs de l'UE s'attendent à ce que le recul du PIB et la hausse du coût de l'emprunt compliquent l'objectif de la Grèce de réduire son déficit budgétaire de 4 points de PIB dès cette année, a déclaré jeudi un haut responsable du ministère grec des Finances. Selon eux, le Grèce ne pourra pas abaisser son ratio déficit/PIB de plus de deux points. Dans ces conditions, il faudra que la Grèce économise 4,8 milliards d'euros supplémentaires pour atteindre son objectif. Une équipe constituée d'experts de l'UE, la BCE et le FMI se trouve à Athènes cette semaine pour observer la mise en oeuvre des engagements pris par la Grèce, qui devra rendre un rapport d'étape à la mi-mars. Selon le haut responsable grec du ministère des Finances, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat, Athènes annoncera de nouvelles mesures destinées à ce que le pays atteigne ses objectifs après l'inspection et le passage du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn la semaine prochaine.