D'après la Réserve fédérale de New-York, les dix-huit plus grandes banques américaines abaisseraient mécaniquement leur niveau de dette pour lisser leur profil de risque.Une pratique légale mais dangereuse selon la Fed. Vers un nouveau scandale financier ? En tout cas, les informations du Wall Street Journal ce vendredi risquent de ne pas améliorer l'image des grandes banques américaines après la crise financière. Selon le quotidien d'affaires, qui reprend des données de la Réserve fédérale de New-York, bras financier de la Fed, dix-huit grandes banques américaines, dont Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan Chase, Bank of America et Citigroup, auraient dissimulé leur niveau de risque sur les cinq derniers trimestres. Concrètement, les banques ont d'abord gonflé intentionnellement les chiffres de leur dette en milieu de trimestre, pour ensuite produire à la fin des chiffres beaucoup plus bas, ce qui donne l'impression que les banques sont parvenues à réduire le poids de cette dette. Cette pratique, légale, vise à éviter la chute de l'action en Bourse et à maintenir des notes favorables auprès des agences de notation sur leur santé financière. Ce subterfuge vise aussi à rassurer les investisseurs sur le niveau des risques pris par les institutions financières, sous le feu des critiques pour leurs montages financiers complexes ayant entraîné la crise des crédits immobiliers à risque (subprime). "Nos efforts de gestion des comptes sont conformes aux normes comptables légales", a répondu un porte-parole de Bank of America au WSJ. L'autorité américaine de régulation des marchés financiers (SEC) enquête actuellement sur cette pratique. Vingt-quatre institutions financières sont concernées. Ce subterfuge avait été révélé lors de l'effondrement en septembre 2008 de la prestigieuse banque d'affaires américaine Lehman Brothers. Lehman y avait eu recours sous la dénomination "Repo 105" pour embellir ses comptes et minimiser une colossale dette, qui avait conduit par la suite à sa faillite. Comme le remarque La Tribune, "la dernière fois que le seuil de 42 % de dissimulation du risque a été atteint, c'était en 2001, juste après l'explosion de la bulle Internet".