Le vice-président américain Joe Biden a quitté hier Washington pour une tournée de cinq jours au Moyen-Orient, qui l'emmènera en Israël, dans les territoires palestiniens et en Jordanie. A Al Qods occupée mardi, Biden s'entretiendra avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le président Shimon Pères, et Tzipi Livni, la tête du parti Kadima. Il sera le lendemain dans les territoires, pour rencontrer en particulier à Ramallah le premier ministre Salam Fayyad et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. L'étape suivante sera en Jordanie. Joe Biden a été précédé par George Mitchell, l'émissaire spécial américain au Moyen-Orient. Objectif : donner le coup d'envoi officiel à la reprise de négociations après plus d'un an de gel total. Détail important : il ne s'agit, selon le jargon des diplomates, que de "discussions de proximité", en d'autres termes, de pourparlers indirects chaperonnés par George Mitchell. Cet ancien sénateur va devoir effectuer des navettes pour échanger les messages entre Jérusalem et Ramallah en Cisjordanie où siège le gouvernement palestinien. Cette solution, qui à des allures de pis-aller, a été adoptée faute de pouvoir surmonter la défiance entre Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, et Mahmoud Abbas, le président palestinien. Ces discussions indirectes constituent surtout une sorte de retour à la case départ. Depuis les premiers accords israélo-palestiniens conclus il y a dix-sept ans, les deux parties, lorsqu'elles se parlaient, s'étaient passées de l'intervention d'une baby-sitter américaine. "Il ne faut que dix minutes en voiture pour se rendre de Jérusalem à Ramallah, mais la distance qui sépare Nétanyahou et Abbas est incommensurable", constate un commentateur. Le ton est d'autant plus désabusé qu'aucun compromis ne semble possible, notamment sur les frontières du futur État palestinien. L'atmosphère générale est très tendue. Des affrontements se sont multipliés ces dernières semaines autour des Lieux saints. La récente décision de Benyamin Nétanyahou de dresser une liste de sites appartenant au patrimoine national israélien, incluant les lieux saints de l'islam, en Cisjordanie, a provoqué des manifestations parfois violentes qui se sont étendues à la Vieille-Ville de Jérusalem. Malgré tous ces handicaps, Barack Obama a obtenu un début de progrès. Un minimum de dialogue va reprendre. Notons que l'Autorité palestinienne va adopter une loi interdisant aux travailleurs palestiniens de travailler dans les colonies juives de Cisjordanie, a déclaré dimanche le ministre palestinien de l'Economie Hassan Abou Lidbeh. La loi, qui devrait être signée par le président de l'Autorité Mahmoud Abbas d'ici à la fin du mois, a été rédigée par M. Libdeh. Ce dernier a estimé qu'il était important que les Palestiniens soient en accord avec leur position contre les colonies. "Ma population, ma société, contribue à faire vivre les colonies, donc je vise cette contribution", a-t-il déclaré. L'Autorité palestinienne va s'employer à trouver des alternatives pour les Palestiniens qui travaillent actuellement dans les colonies, mais ils ne seront pas obligés de quitter leur emploi, a toutefois précisé M. Libdeh. Il a ajouté qu'à l'avenir, les Palestiniens travaillant dans les colonies seront en infraction avec la loi, mais n'a pas voulu s'étendre sur les sanctions. La législation interdira également la vente de produits issus des colonies dans les magasins palestiniens, a-t-il ajouté, estimant que la somme des ventes annuelles de ces produits dans les commerces palestiniens s'élevait entre 150 et 370 millions d'euros. Au cours des derniers mois, les forces de sécurité palestiniennes ont commencé à intercepter des cargaisons de produits venant des colonies, a déclaré le ministre, sans préciser le volume de marchandises ayant été confisquées. Quelque 20.000 à 30.000 Palestiniens travaillent dans les colonies juives, dans la construction et l'industrie notamment. Ils estiment ne pas avoir d'autre choix, du fait du marasme économique en Cisjordanie. Les quelque 120 colonies israéliennes en Cisjordanie, où habitent 300.000 Israéliens, sont la pierre angulaire des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens. Les Palestiniens souhaitent leur évacuation en vue de la création d'un futur Etat palestinien.