L'Algérie n'arrive toujours pas à tirer profit de son accord d'association avec l'Union européenne (UE), entré en vigueur en 2005. En effet, la mise en œuvre de cet accord démontre que la balance commerciale hors hydrocarbures reste déséquilibrée, en faveur de l'UE. Dans une récente étude d'analyse et d'évaluation de la situation des investissements étrangers en Algérie, élaborée par le Programme d'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association (P3A), il est constaté que l'accord en question a entraîné "un creusement du déficit commercial hors hydrocarbures", c'est en tout cas ce qu'a révélé mardi à Alger, le directeur de ce programme, M. Aissa Zelmati, lors d'un point de presse. L'étude réalisée en collaboration avec les institutions concernées (Douanes, Banque d'Algérie et ministère du Commerce), révèle globalement la part de l'UE dans les importations de l'Algérie "a très légèrement diminué entre 2002 et 2007". Les répercussions de cet accord sur le plan macroéconomique se sont également traduites par un manque à gagner sur les recettes fiscales et douanières de l'Algérie, en raison de l'application du démantèlement tarifaire, a expliqué M. Zelmati. Néanmoins, le démantèlement tarifaire appliqué aux produits importés de l'UE n'a engendré "ni détournement ou dérivation du flux des échanges, ni création supplémentaire de commerce", selon l'étude. Cette analyse souligne également "une insuffisante ouverture des entreprises nationales à la concurrence internationale". A noter que ladite étude a été menée par des experts indépendants durant l'année 2009, ces derniers relèvent toutefois que des potentialités existent en matière d'exportation de produits algériens vers l'Europe, mais les entreprises algériennes doivent encore acquérir une véritable culture d'exportation pour être actives sur le marché européen. Sur le plan des investissements, l'étude a relevé une "forte augmentation" des investissements directs étrangers d'origine européenne, liée principalement aux secteurs des bâtiments et travaux publics et des hydrocarbures. En revanche, l'étude ne se prononce pas sur les effets des mesures récentes adoptées en Algérie, en matière de commerce ou d'investissements étrangers, les statistiques de 2009 n'étant pas encore disponibles, explique M. Zelmati qui a précisé que l'étude a recommandé d'entreprendre des analyses régulières de la situation des investissements étrangers en Algérie. L'étude conclut par ailleurs, qu'il "est encore tôt" de se prononcer objectivement sur les effets réels d'un tel accord car une évaluation plus précise de ses impacts ne pourra se faire que d'ici 5 ans, soit 10 ans après son entrée en vigueur. Ainsi, des études complémentaires sont envisagées pour les domaines qui n'ont pas été évalués avec suffisamment de précision notamment l'agriculture et la pêche ou qui n'ont pas été pris en compte tels que la coopération environnementale ou le transport. Il faut noter que l'Algérie compte renégocier avec l'UE certaines clauses de cet accord lors du prochain conseil d'association prévu en juin prochain, en vertu d'une clause dénommée clause de rendez-vous. Les propositions d'amendement relatives à l'aspect commercial de l'accord vont concerner notamment les contingents de produits algériens exportés vers l'UE sans droits de douanes, avait déclaré récemment le ministre du Commerce M. El Hachemi Djaaboub. En réalité, "pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars", avait indiqué à ce propos, le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, M. Chérif Zaaf., qui a par ailleurs fait savoir que l'unité de gestion du programme P3A a enregistré trois appels d'offres pour des projets de jumelage institutionnel d'un coût global de près de 3 millions de dollars qui seront financés par l'UE. Il s'agit de jumelages qui vont profiter à la Direction générale des impôts, au ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements et à l'entreprise l'Algérienne des eaux. Trois autres opérations d'assistance technique et d'échange d'informations dans les domaines judiciaire, financier et fiscal viennent d'être validées par la commission européenne au profit d'institutions algériennes et qui vont se dérouler les prochaines semaines. Ces projets visent à promouvoir la coopération entre un service public d'un pays partenaire et l'institution équivalente dans un Etat membre de l'UE afin d'améliorer et de moderniser l'institution dans le pays bénéficiaire par le biais de la formation et de la réorganisation.