La perspective d'une réforme de grande ampleur du système financier américain s'est éloignée après l'échec de discussions bipartisanes au Sénat sur un texte dont l'administration Obama a pourtant fait l'une de ses priorités. Le sénateur américain Christopher Dodd a déclaré qu'il présenterait lundi sa propre version d'un projet de loi de réforme financière après la rupture des discussions avec les sénateurs républicains. Le président de la commission bancaire du Sénat, soulignant que le temps commence à presser pour promulguer un texte cette année, ajoute que la commission devait débattre de ce texte en séance plénière durant la semaine au 22 mars. Le porte-parole de la Maison blanche, Robert Gibbs, a toutefois déclaré que l'administration Obama était toujours persuadée qu'un texte serait voté cette année. Les discussions du sénateur Christopher Dodd avec le républicain Bob Corker ont achoppé entre autres sur le degré d'indépendance d'un organisme de défense du consommateur pour les produits financiers, ont déclaré des sources professionnelles. Bob Corker a souligné que la volonté du président Barack Obama de faire avancer à marche forcée le texte réformant le système d'assurance-maladie avait compliqué les discussions bipartisanes. Christopher Dodd a précisé que son objectif restait de produire un "texte de consensus", mais rien ne dit que ce dernier sera approuvé par les républicains. La Chambre des Représentants a adopté en décembre un texte consacrant la plus importante réforme financière depuis les années 30 mais le Sénat n'a encore pris aucune décision. Pour l'essentiel, le texte du sénateur Christopher Dodd veut en finir avec le renflouement d'établissements financiers réputés "too big to fail", soit d'un poids trop lourd pour les laisser faire banqueroute. Il veut aussi réguler un marché des dérivés de gré à gré évalué à 450.000 milliards de dollars, swaps de défaut de crédit compris. Il est utile de rappeler qu'une majorité d'économistes avait soutenu le nouveau projet de loi américain visant à interdire aux banques de dépôt de spéculer pour leur propre compte. Cinquante-sept pour cent des 203 économistes interrogés pour cette étude réalisée par l'Association nationale des économistes d'entreprise (NABE) estimaient que le nouveau projet "réduira le risque systémique dans le secteur financier". Le reste des réponses se partage entre 34% des sondés d'avis contraire, et 9% qui ne savent pas. Le risque systémique correspond aux menaces que font peser les plus grandes entreprises financières, dont la taille et les connexions sont telles que leur faillite risquerait d'entraîner l'ensemble du système financier dans leur chute. L'étude de la NABE montre par ailleurs que 63% des économistes interrogés estiment que la Fed relèvera dans les six mois à venir son taux directeur, autorisé à fluctuer dans une marge allant de 0 à 0,25% depuis la mi-décembre 2008.