L'analyse de la situation monétaire montre que l'évolution des avoirs extérieurs nets reflète les bonnes performances de la balance des paiements réalisées, en grande partie, au second semestre 2006. Cet agrégat très significatif dans la situation monétaire consolidée a atteint 5 522,1 milliards de dinars à fin décembre 2006, contre 4 856,8 milliards de dinars à fin juin 2006. II était passé de 3 485,4 milliards de dinars au 30 juin 2005 à 4 179,4 milliards de dinars à fin décembre 2005, date à la laquelle les avoirs extérieurs nets ont dépassé les liquidités monétaires et quasi-monétaires dans l'économie nationale. Au cours de l'année 2006, les avoirs extérieurs nets ont excédé d'une manière accrue la masse monétaire au sens de M2, témoignant que les avoirs en devises sont la source de création monétaire en Algérie. En effet, les réserves officielles de change détenues par la Banque d'Algérie garantissent largement la masse monétaire dans l'économie nationale. La masse monétaire s'est accrue au second semestre 2006 de 10,3 %, soit un rythme d'expansion supérieur au taux réalisé au premier semestre 2006 (6,4 %) et celui du second semestre 2005 (4%). Cette augmentation tendancielle du rythme de croissance monétaire se conjugue avec la stabilisation du ratio circulation fiduciaire/M2 autour de 22 %, en données semestrielles. Par contre, le ratio dépôts à vue/M2 est en hausse avec 41,5 % à fin décembre 2006 contre 38,6 % à fin juin 2006 et 36,1 % à fin décembre 2005. C'est l'évolution de la structure des dépôts des entreprises des hydrocarbures qui explique une telle tendance. Il faut dire que l'année 2006 se caractérise par une forte croissance de la masse monétaire (17,3%) comparativement au rythme en la matière (10,8 %) de l'année 2005, sous l'effet notamment de l'expansion des dépôts des entreprises des hydrocarbures et de l'augmentation des dépôts au CCP. Par ailleurs, la situation monétaire consolidée montre que le Trésor public est créancier net du système bancaire, vu l'importance du Fonds de régulation des recettes. Cependant, pour les remboursements par anticipation de la dette de rééchelonnement, il importe de souligner que le Trésor a recouru aux avances exceptionnelles de la Banque d'Algérie dont le montant s'élève à 627,8 milliards de dinars à fin décembre 2006. En conséquence, une partie de la dette extérieure de rééchelonnement a été transformée en dette intérieure du Trésor à l'égard de la Banque d'Algérie, sans ponction sur le Fonds de régulation. Ce qui augmente la dette publique intérieure. Avant les ajustements pour la prise en compte des créances rachetées par le Trésor public en 2005 et 2006, les crédits à l'économie se sont accrus d'environ 8,5 % au second semestre 2006, bien plus que le rythme du second semestre 2005 (4,7 %) et du premier semestre 2006 (4 %). Ainsi, l'analyse de la structure des crédits par secteur juridique indique qu'une plus grande partie des flux de crédits a été allouée au secteur privé. Entre autres, et dans le but d'ancrer un financement bancaire approprié et non inflationniste de l'économie nationale, la Banque d'Algérie met en œuvre une politique monétaire qui permet de résorber durablement l'excès de liquidité structurel sur le marché monétaire. Ainsi, les reprises de liquidités, la facilité marginale de dépôts et les réserves obligatoires constituent des instruments actifs de la politique monétaire que la Banque d'Algérie utilise avec flexibilité. Pour répondre à cet objectif de financement de la croissance et tout en réduisant leur risque de contrepartie concentré, les banques publiques sont interpellées pour mettre en place les meilleures pratiques en matière de gestion des risques de crédit et de contrôle interne. Leur risque opérationnel reste élevé, malgré la modernisation de l'infrastructure des systèmes de paiement au cours de l'année 2006. En effet, suite au renforcement de la supervision des banques par les inspecteurs de la Banque d'Algérie, qui a révélé des insuffisances en matière de gestion des risques bancaires, notamment en termes de forte concentration des crédits, la Commission bancaire a engagé au second semestre 2006 l'évaluation des résultats des audits externes institutionnels et financiers des banques publiques réalisés par des cabinets internationaux. La Banque d'Algérie et la Commission bancaire continuent donc de veiller à ce que toutes les banques poursuivent les efforts requis pour l'amélioration durable de leur gestion des risques de crédit, en mettant l'accent sur le suivi de la concentration des risques de crédit sur certains gros débiteurs publics et privés. II s'agit là d'un préalable dans la perspective de la mise en oeuvre en Algérie, à partir de 2008, des nouvelles règles prudentielles de Bâle II. Cependant et en glissement annuel, le taux d'inflation est passé de 1,66 % à fin décembre 2005 à 1,97 à fin juin 2006, pour ensuite monter à 4,44 % à fin décembre 2006 sous l'effet d'une hausse significative des prix des produits alimentaires et, particulièrement, ceux des produits agricoles frais. L'évolution des prix en 2006 témoigne que l'inflation fondamentale reste modérée et maîtrisée, mais que la variation brute de l'indice est essentiellement générée par des hausses saisonnières et erratiques des prix des produits agricoles frais insuffisamment régulés.