Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a dit samedi envisager d'étendre à l'échelle européenne un projet allemand de taxe bancaire pour stabiliser les économies de l'UE en cas de nouvelle crise financière. "Ma collègue française Christine Lagarde et moi-même avons convenu de vouloir adapter une telle solution dans une structure européenne", a déclaré le ministre conservateur dans le journal die Welt. Mercredi, la ministre française doit assister au conseil des ministres allemands, où doit être discuté un projet de taxation des banques allemandes qui prévoit la création d'un fonds pour venir en aide aux banques en cas de nouvelle crise. Outre ce projet national, "les propositions franco-allemandes sur ce thème" seront également au menu du conseil des ministres et "les chances de créer une structure européenne sont ainsi assez bonnes", a indiqué M. Schäuble. Les deux gouvernements ont instauré en février la possibilité pour leurs ministres d'assister individuellement au conseil des ministres du pays partenaire, et Mme Lagarde sera la première à faire usage de ce procédé. L'Allemagne, qui a mis beaucoup d'argent sur la table pour soutenir les banques en 2008 et 2009, veut éviter d'avoir recours à nouveau à l'argent du contribuable en cas de crise, et faire payer les banques elles-mêmes. Notons que a Grande-Bretagne et l'Allemagne ont en ligne de mire la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI) le mois prochain pour faire avancer le dossier d'une taxe bancaire internationale destinée à éviter de recourir aux fonds publics en cas de renflouement. Quelques mois après que le Premier ministre Gordon Brown a lancé toute une série d'idées visant à faire payer aux banques leur propre sauvetage, le ministre des Finances Alistair Darling a jugé mardi qu'"il y a maintenant davantage de pays qui s'accordent sur la nécessité d'une taxe internationale systémique sur les banques". "Il faut mettre cela en oeuvre rapidement et j'exhorterai en ce sens les ministres des Finances internationaux le mois prochain à Washington", a dit Alistair Darling au Parlement. "Je suis d'accord avec tous ceux qui disent qu'une telle taxe doit être coordonnée au niveau international; y aller en solo coûterait des milliers d'emplois, et pas seulement à Londres, mais à travers tout le pays", a-t-il ajouté. Si la taxe bancaire britannique suit le modèle prévu aux Etats-Unis, soit 0,15% annuellement sur le total de l'actif, elle permettrait de lever 3,6 milliards de livres (4,0 milliards d'euros) annuellement, suivant des estimations de Reuters. L'opposition conservatrice, qui pourrait remporter les élections de mai, a dit qu'elle mettrait en avant sa propre proposition de taxe bancaire même s'il n'y avait pas d'accord au sein des pays du Groupe des Vingt (G20).