La jeunesse renoue avec ses racines et surtout avec l'artisanat. C'est ainsi que dans la wilaya de Naâma, grâce aux efforts de quelques jeunes artisans, des métiers et des activités d'artisanat à l'instar de la sculpture sur gypse et la décoration en plâtre semblaient en voie de disparition du seul fait du recul de la demande sur ces activités, connaissent un nouvel essor. L'extinction totale de certaines activités pointait à l'horizon n'était-ce l'intervention publique pour leur revalorisation par l'ouverture dans des établissements de la formation professionnelle de filières de formation en plâtrerie, sculpture et décoration sur gypse, avec le concours indirect de la population locale qui continue encore de décorer les lieux de culte ou les habitations avec ce genre de produits. Ce type d'activité artisanale, en l'occurrence la plâtrerie, fruit de la proximité de décorateurs des pays limitrophes, constitue pour les artisans spécialisés des régions de Tiout, Sfisifa, Mograr et Asla, un legs à pérenniser à la faveur de la disponibilité, et à profusion, de la matière première. Cheikh Moulay Henin El Medjdoub, un octogénaire de la localité d'Ain Ouarka, connue pour sa richesse en matière première et en foisonnement de fourneaux, n'a pas manqué d'afficher son appréhension quant à l'avenir de son activité de sculpture eu égard au peu d'intérêt manifesté par les jeunes à l'égard de ce métier, et la concurrence acharnée de décorateurs utilisant des moules au lieu de la main d'oeuvre artisanale. Le travail du sculpteur sur gypse consiste à mettre en valeur le plâtre par la réalisation de dessins, décors et miniatures géométriques, en parfaite synergie, inspirées de la nature et de la calligraphie arabe, notamment des versets coraniques, si le lieu est sacré comme les mosquées et les zaouïas. Dans son explication de la décoration en plâtre, Cheikh Tedj Bousmaha, nonagénaire de Asla, qui a, lors d'une visite au patio de la mosquée du vieux Kasr de l'Oasis de Asla, à 58 km de Naâma, mis en relief la beauté de la décoration arabo-islamique, a averti que le travail d'ornement n'était pas à la portée de tout artisan, mais demeure l'apanage d'une élite de personnes et le fruit de l'héritage de générations anciennes. Cheikh Bousmaha a, à ce titre, imputé le recul de cette activité artisanale à l'absence chez les nouveaux artistes décorateurs de certaines compétences et qualifications, dont le savoir-faire nécessaire à la préservation de la beauté du cachet architectural local et de la fonctionnalité des lieux de culte et des habitations. La sculpture sur gypse, activité assez spécifique, qui avait connu ces dernières années un net déclin, a "ressuscité" grâce à son intégration à la nomenclature des filières de la formation professionnelle. Kaddour El Mir, membre de l'association des architectes de la wilaya de Naâma, a souligné que cet intérêt accordé à la plâtrerie et la décoration se traduit par le recours aux artistes décorateurs dans la réalisation des structures immobilières au détriment de l'usage du béton armé dans des conceptions architecturales, à l'instar des coupoles et autres formes géométriques saillantes. La sculpture a ainsi largement évolué grâce à l'implication des pensionnaires des structures de formation, à l'instar des jeunes promus du centre de Cheikh-Bouamama qui se sont attelés à mettre en œuvre leur créativité et savoir-faire dans la décoration des mosquées de Bilal Ben Rabah et Sidi Mohamed Belkebir, au chef lieu de la commun de Naâma, riches en spécificités urbanistiques arabo-islamiques. Ces jeunes, en leur 24e printemps, issus de familles d'artisans ont, à la lumière des travaux réalisés en un délai de 10 mois, fait preuve d'initiative et d'assiduité dans la pérennisation de ce legs ancestral sur les murailles et plafonds des structures. Ces œuvres, dont l'authenticité est témoignée par plusieurs éminents artistes décorateurs, ont été gratifiées d'une première place décrochée par le jeune sculpteur Abd El Moatassim aux olympiades professionnelles de la wilaya tenues au début de l'année en cours, en reconnaissance de ses talents dans la conception de tableaux en plâtre, riches en motifs et splendide calligraphie arabe. Plusieurs apprentis des centres de formation de Naâma ont convergé sur la nécessaire réhabilitation des métiers et l'examen des modalités à même de valoriser le savoir-faire de décoration dans le Sahara à l'ère des défis de la mondialisation qui menace toute œuvre originelle et originale. Ces jeunes versés dans les filières du tissage, de la maroquinerie, de la verrerie, de la plâtrerie et de la vannerie, veillent, avec le concours d'encadreurs, à valoriser ce patrimoine culturel et à préserver des qualifications traditionnelles en tant que patrimoine culturel immatériel à part entière.