La reprise économique allemande est fragile et le risque de tomber dans une croissance molle demeure, a indiqué mardi le FMI, qui revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour le pays. L'économie allemande devrait croître de 1,2% cette année selon le FMI, qui anticipait précédement une évolution de +1,5%. Pour 2011, le produit intérieur brut (PIB) devrait gagner 1,7%, contre 1,9% selon l'estimation précédente. "La reprise économique sera probablement modérée et fragile, reflétant la dépendance allemande aux exportations et les risques persistants en provenance du secteur financier", écrit le FMI dans un rapport. L'Allemagne, dont le PIB s'est effondré de 5% l'an dernier, devrait voir sa reprise tirée par les exportations. Mais toute baisse de la demande extérieure pourrait compromettre ce scénario, étant donné que la consommation intérieure reste faible. Avec des revenus réels qui diminuent et des craintes de dégradation du marché du travail, la consommation des ménages ne devrait pas a priori doper la croissance cette année. Le FMI recommande donc à l'Allemagne de prendre des mesures pour réveiller la demande intérieure, mais admet que cela sera difficile étant donné la nécessité de retirer les dispositifs de relance et de soutien au marché de l'emploi. "Des mesures simultanées prises pour accroître la flexibilité du marché du travail et pour lever les obstacles au développement du marché des biens et des services améliorerait leur efficience et encouragerait la demande intérieure". Le rapport approuve les aides budgétaires de soutien à l'économie mais estime que leur retrait devrait commencer l'an prochain, ajoutant que toute baisse d'impôts devrait être compensée par une réduction des dépenses. Les directeurs du FMI jugent que le processus de consolidation budgétaire devra débuter une fois que la reprise sera auto-entretenue, ce qui devrait arriver en 2011 selon l'institution de Washington. Le gouvernement d'Angela Merkel réfléchit actuellement à la diminution, au report, voire à l'annulation de baisses d'impôts prévues pour 2011. Notons que le chômage a diminué en Allemagne au mois de mars contre toute attente, affichant son plus fort recul depuis juin 2008, témoin d'une économie revigorée après la stagnation hivernale. Le nombre de chômeurs a diminué de 31.000 par rapport à février, pour revenir à un total CVS de 3,382 millions. Le taux de chômage CVS ressort à 8,0% contre 8,1% en février, a annoncé l'Office fédéral du travail. Les économistes interrogés par Reuters attendaient au contraire une augmentation de 10.000 du nombre de chômeurs. "Le chiffre de mars est un signal positif pour l'économie, car le chômage avait augmenté ces derniers mois. Cela devrait soutenir la consommation privée à moyen terme", commente Klaus Schrüfer, économiste de la banque SEB. Le nombre total de chômeurs en données brutes était de 3,568 millions en mars, en recul de 75.000. L'Allemagne est sortie de la récession au deuxième trimestre 2009 mais la croissance a connu un coup d'arrêt durant l'hiver, qui a été rigoureux. D'autres indicateurs, comme l'indice Ifo du climat des affaires, paraissent révéler un redémarrage de la croissance. L'indice Ifo a atteint en mars son niveau le plus élevé depuis juin 2008.