Le dysfonctionnement dans les circuits de distribution de viandes fait qu'entre le prix à la source, celui du gros et celui du détail, l'écart est astronomique. L'Etat absent, la spéculation joue. Conséquence : le produit le plus prisé à la veille des fêtes, le poulet, est passé de 160 à 200 dinars, la dinde de 350-400 dinars le kilogramme à 500 dinars. Voilà comment des commerçants profitent des opportunités des fêtes pour déplumer le simple citoyen. Abordons maintenant la viande congelée de plus en plus recherchée. Elle est importée d'Uruguay, du Brésil, d'Australie, de Nouvelle-Zélande ... Régions grâce auxquelles l'Algérie a contourné l'obstacle de la vache folle en achetant en dehors de l'Europe la viande pour réduire les tensions sur le marché. Une chose est certaine, cette viande commence à attirer de plus en plus de consommateurs de par son prix et surtout sa qualité. Des points de vente poussent comme des champignons, y compris dans la zone steppique réputée pour l'offre suffisante en ovin. C'est en tout cas la période de l'évolution des habitudes culinaires en Algérie. Toutefois, même si les importations de la viande rouge ne représentent pas une quantité suffisante pour faire face à la consommation, elles ont toutefois pu réguler un tant soit peu le marché national. A ce sujet exactement, répondant à une question de la presse jeudi à Alger, en marge d'une séance plénière de l'APN sur l'éventualité d'une opération d'importation de la viande fraîche du Soudan, et ce en vue de lutter contre la hausse des prix de ce produit alimentaire, M. Rachid Benaïssa, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, a affirmé qu'"aucune demande n'a été enregistrée" au niveau de son département. Néanmoins, il a reconnu l'existence de contacts entre opérateurs nationaux et soudanais dans la perspective d'importer de la viande fraîche, précisant, à ce propos, qu'"aucune viande ne sera importée si les conditions sanitaires ne sont pas respectées". En outre, pour contenir la flambée des prix durant le Ramadhan, le ministre a fait savoir que son département a lancé un appel d'offres national et international pour l'importation de la viande ovine congelée en vue de constituer un stock et contribuer ainsi à la stabilité des prix et à la régulation du marché. Le ministère a également accordé des autorisations à des opérateurs privés pour participer à l'opération d'importation de la viande ovine congelée pour le mois sacré, a-t-il ajouté. Par ailleurs, pour ce qui est du projet d'exportation de l'orge, annoncée récemment par l'Office national interprofessionnel des céréales (OAIC), M. Benaïssa a souligné que cet organisme était entré en discussions avec certains opérateurs et examine leurs offres pour une éventuelle vente sur le marché international. De plus, il est à rappeler qu'en application des orientations du Conseil des Participations de l'Etat (CPE), le ministère de l'Agriculture a instruit l'OAIC d'explorer la possibilité d'exportation de l'orge qui a enregistré une production record en 2009 à 24 millions de quintaux. D'un autre côté, M. Benaïssa a indiqué que l'avant-projet de loi relatif aux modalités de concession des terres agricoles du domaine privé de l'Etat vise à conforter les agriculteurs dans leur activité de producteurs en remplaçant le droit de jouissance reconnu aux membres des Exploitations agricoles collectives (EAC) et Exploitations agricoles individuelles (EAI) par le droit à la concession qui est limité dans le temps, mais renouvelable. "Cet avant-projet de loi tel qu'élaboré par le ministère prévoit une concession de type individuel d'une durée de 40 ans renouvelable", a-t-il précisé. Il a fait également savoir que son ministère tiendra le 11 avril courant une réunion d'évaluation trimestrielle des contrats de performance avec toutes les wilayas. Par ailleurs, s'agissant de mise en valeur des terres par concession lancée en 1998, M. Benaïssa a indiqué qu'elle avait enregistré des résultats positifs en dépit de quelques carences. En réponse à la question d'un député de l'APN, le ministre a déclaré que cette expérience a permis de mettre en valeur 500.000 hectares de terres agricoles qui sont actuellement en phase de production et d'enregistrer 760 projets agricoles au profit de quelque 700 personnes, ajoutant que cette opération a coûté à l'Etat 1,8 milliard DA. M. Benaïssa a imputé par ailleurs l'échec de l'opération à la programmation de ces espaces dans des zones isolées, aux critères retenus pour le choix des bénéficiaires ainsi qu'au dysfonctionnement de l'opération dans ces régions. Le ministère, a-t-il ajouté, a recensé l'ensemble des espaces au niveau national soulignant que certains d'entre eux pouvaient être réhabilités. Les autres seront abandonnés. Il a insisté dans ce sens sur la nécessité de reconsidérer les critères adoptés pour le choix des bénéficiaires ainsi que les procédés de gestion et d'accompagnement. Il a, d'ailleurs, annoncé le lancement prochain du projet de réhabilitation de la plaine d'Abadla dans la wilaya de Bechar pour en faire un pôle agricole attractif soulignant que l'Etat avait débloqué entre 2001 et 2009 près de 200 millions pour sa mise en valeur. Le ministre a également rappelé la décision prise par le ministère concernant la création de l'organisme de développement rural qui se chargera de mettre en place les moyens nécessaires à la mise en œuvre du programme quinquennal (2010-2014) en matière de lutte contre la désertification et l'aménagement des bassins versants. Cet organisme procèdera aussi à l'aménagement des forêts et des espaces liés à l'agriculture, aux pâturages et à l'ingénierie rurale. Enfin, le schéma national de développement rural a permis la création de 1,5 million d'emplois provisoires et favorisé une production agricole estimée à 1500 milliards DA en 2009, a conclu M. Benaïssa.