À cinq mois, environ, du mois de Ramadhan, le gouvernement veut barrer la route aux spéculateurs, en agissant sur l'offre, à travers notamment l'importation de la viande pour inonder le marché. Le ministre du Commerce a indiqué, jeudi dernier lors d'une rencontre organisée au siège d'Algex (Alger), que l'Etat a prévu plusieurs mesures de régulation des prix des produits alimentaires de large consommation pour le prochain Ramadhan dans le cadre de la lutte contre la spéculation et la hausse des prix caractérisant habituellement ce mois sacré. Parmi les mesures arrêtées, l'autorisation d'importer 10 000 tonnes de viande ovine fraîche. “Pour les mois de juillet et août prochains, nous allons autoriser l'importation de 10 000 tonnes de viande ovine fraîche”, a annoncé M. El Hachemi Djaâboub, appelant les opérateurs économiques et les importateurs concernés à prendre contact avec son ministère et celui de l'Agriculture pour s'informer sur les démarches à suivre. Le ministre du Commerce a ajouté que la Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda) a été, ainsi, chargée de faire un stock suffisant en viande blanche, en achetant localement, et en citron pour le Ramadhan afin d'éviter que le prix de ce produit n'atteigne un pic, comme ce fut le cas en 2009 où il avait été cédé à 400 DA le kg. De même, l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) devra axer ses efforts pour arriver à constituer un stock supplémentaire en lait d'au moins de 3 mois en prévision du Ramadhan, a encore ajouté M. Djaâboub. Cette opération pourra-t-elle contribuer à la stabilité des prix de ce produit très demandé durant le Ramadhan ? Le recours à l'importation peut, certes, constituer une solution transitoire, encore faut-il agir fermement contre la spéculation. Et c'est là que réside le problème. L'Etat semble désarmé face aux spéculateurs et les instruments de régulation et de contrôle sont inefficaces. Le dysfonctionnement dans les circuits de distribution fait qu'entre le prix à la source, celui du gros et celui du détail, l'écart est astronomique. Certaines statistiques révèlent que plus de 60% des fruits et légumes ne transitent pas par les marchés de gros. L'Algérie ne dispose que d'environ 42 marchés de gros opérationnels. Sur les 42 structures, seulement trois sont dignes d'être nommées marchés de gros. La décision prise par le gouvernement, il y a quelque années, de construire une cinquantaine de marchés, dont 3 de gros à vocation nationale, 21 de gros régionaux et 25 autres de dimension locale, est judicieuse et à la longue pourrait canaliser le courant de fraude. Mais, pour l'heure, il y a des risques de voir les tonnes de viande d'importation que le gouvernement compte autoriser, se retrouver entre les mains des spéculateurs. Ce qui est demandé à l'Etat, en économie de marché, c'est d'assumer ses missions de régulation, de normalisation, de surveillance et de contrôle de la sphère commerciale. C'est d'agir indirectement sur la production, à travers des mesures incitatives, pour ne pas dépendre de l'importation. Et en parlant de fraude, le ministre du Commerce a révélé que 66 000 dossiers d'opérateurs économiques, inscrits au fichier national des fraudeurs, ont été transmis à la justice. Ils sont accusés de non-respect des lois et règlements relatifs aux impôts, aux douanes, au commerce et aux banques. D'autres sont poursuivis pour ne pas avoir respecté les obligations liées au dépôt des comptes sociaux. M. Djaâboub a rappelé que dans le cadre de la lutte contre la fraude, un fichier national des fraudeurs, recensant les auteurs d'infractions graves aux législations et réglementations fiscale, douanière, bancaire, financière, commerciale, ainsi que le défaut de dépôt légal des comptes sociaux, a été institué. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a par ailleurs appelé les professionnels de la filière de céréaliculture à cesser l'importation de blé dur en raison de la bonne production de cette catégorie de blé enregistrée en 2009. Il est à rappeler que l'Algérie a enregistré une production record en céréaliculture sur la campagne 2008-2009, avec 61,2 millions de quintaux de céréales, dont 24,3 millions de blé dur, 11,3 millions de quintaux de blé tendre, 24 millions de quintaux d'orge et 1,4 million de quintaux d'avoine. Concernant la Zone arabe de libre-échange, le ministre a fait savoir que l'Algérie a envoyé au Conseil économique et social de la Ligue arabe (CES) sa “liste négative” des produits exclus des avantages accordés dans le cadre de cette zone, que notre pays compte défendre lors de la session de ce conseil en septembre prochain. “Nous allons demander que la suspension temporaire de cette liste soit accordée à l'Algérie pour une durée de 3 à 4 années afin de permettre à l'entreprise algérienne de se mettre à niveau et d'être compétitive vis-à-vis de ses homologues arabes”, a-t-il affirmé.