Ce futur regroupement des éleveurs autour d'une fédération structurée était attendu. Des éleveurs ovins isolés et qui forment le gros de la troupe de la corporation n'ont cessé de subir le diktat des maquignons spéculateurs. Ces derniers leur imposant le prix d'achat, rendant ainsi les petits éleveurs de plus en plus vulnérables au point de passer du statut d'éleveur à celui de simple berger. Un passage des plus regrettables puisque la situation matérielle de ces ex-éleveurs propriétaires s'est littéralement dégradée, eux qui ne peuvent même plus subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles. Un niveau de précarité qui a fini par laminer plus d'un nomade car ils sont payés selon le mode en vigueur : au sein du cheptel qu'ils conduisent, quelques bêtes leur sont offertes en guise de pécule et quand vient le besoin de s'approvisionner en nourriture, c'est le propriétaire du troupeau qui se propose d'acheter les bêtes, au prix qu'il décide, c'est-à-dire au plus bas prix. On imagine donc dans quel engrenage se trouvent pris ces bergers de la steppe et d'autres contrées où les spéculateurs agissent en toute quiétude, car n'étant soumis à aucun contrôle. Une telle position de dominance devait changer et ce n'est surtout pas en menant des actions isolées que cela pouvait changer. Il fallait donc trouver la solution idoine pour que les bergers éleveurs retrouvent leurs droits et se libèrent des maquignons spéculateurs. La constitution d'une fédération d'éleveurs étant la seule arme qui puisse changer la donne et, par voie de conséquence, donner de l'espoir à cette catégorie d'éleveurs. En clair, la mise en place de cette nouvelle structure va permettre aux éleveurs et leurs familles de revendiquer leurs droits sociaux. A ce titre, M. Ould El Hocine, président de la Chambre nationale d'agriculture, a précisé que cette fédération qui sera le porte-voix des éleveurs, aura pour missions de défendre leurs droits et de résoudre leurs problèmes afin de préserver cette richesse animale évaluée à 20,2 millions de têtes. Une richesse nationale aussi considérable a besoin d'une meilleure prise en charge. Il faut dire que l'initiative de créer une fédération d'éleveurs a aussi d'autres impacts positifs. On peut citer, par exemple, l'assainissement du circuit de la distribution longtemps plongé dans un dysfonctionnement qui a fait qu'entre le prix à la source, celui du gros et celui du détail, l'écart est astronomique. En somme, en l'absence de l'Etat, la spéculation a trouvé le terrain libre, d'où les fluctuations que connaît le marché de la viande rouge. Un marché qui a grandement besoin d'être réorganisé, c'est pourquoi on peut considérer dès aujourd'hui que la création d'une fédération des éleveurs constitue une avancée dans ce sens. Z. A.