Barack Obama a proposé mercredi la levée de l'interdiction de forer des hydrocarbures au large de la Virginie, de la Floride et dans le golfe du Mexique. Sous le thème slogan de l'indépendance énergétique que le président américain relance le forage pétrolier et gazier en mer avec pour objectif d'extraire plus de gaz et de pétrole américains. Si le Congrès lui donne le feu vert, cette décision mettra fin à un moratoire de vingt ans sur l'exploration, au grand dam des écologistes. Elle réjouira les compagnies pétrolières et gazières. Car, aux États-Unis, la donne a été bouleversée ces derniers mois par l'exploitation des gaz de schiste. La production de ce gaz non conventionnel a pris un essor exponentiel depuis trois ans. À tel point que les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de gaz naturel, devant la Russie l'an dernier. Plusieurs experts estiment qu'avec les gaz non conventionnels (appelés ainsi car plus difficiles à exploiter que les grandes poches de gaz naturel), dont le gaz de schiste, les États-Unis disposent désormais d'un siècle de réserves! Les gaz non conventionnels pourraient représenter 64% de la production de gaz aux États-Unis en 2020. Le shale gas américain a pesé sur l'échiquier gazier mondial. Sa soudaine abondance, conjuguée à la baisse de la consommation, a contribué à faire chuter le prix du gaz sur le marché au comptant, jusqu'à 4 dollars (par million de BTU, l'unité de référence). Aux États-Unis, le gaz est négocié au marché au comptant, alors que l'Europe privilégie les contrats à long terme indexés sur le pétrole. Selon les analystes de la société IHS Cera, qui a réuni à Houston début mars le gotha du pétrole et du gaz, l'Europe recèlerait aussi des réserves de gaz de schiste, égales à un tiers des gisements nord-américains. Aussi, les inquiétudes à propos de la menace que représentent les gaz non conventionnels ne cessent de grandir chez les grands producteurs de gaz naturel. L'Algérie et la Russie affichent certaines appréhensions. C'est dans ce contexte justement que le géant russe Gazprom s'est dit inquiet de perdre des marchés à cause de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. Aussi, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a affirmé, récemment, que les contrats d'exportation de gaz naturel à long terme des pays producteurs "sont confrontés à une réelle menace" et que le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) devrait réagir aux mutations du marché gazier mondial. M. Khelil a expliqué que le marché mondial du gaz a connu de grands changements en une courte période, ajoutant qu'actuellement, ''l'offre dépasse la demande et les prix du gaz dans les marchés des contrats spot et à terme ont reculé à de faibles niveaux, et une menace réelle existe pour les contrats d'exportation de gaz à long terme". Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. Le marché spot de GNL enregistre depuis 2009 une baisse importante des prix en raison de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, grand consommateur de cette énergie, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction.