«L'Amérique s'est toujours relevée des grands défis, et notre dépendance à l'égard du pétrole est un des plus grands auquel nous sommes confrontés. C'est une menace pour notre sécurité nationale, notre planète et notre économie. Pendant des décennies, Washington n'a pas résolu ce problème en raison de l'esprit de parti, de l'influence anormale d'intérêts spéciaux, et des politiciens qui proposeraient plutôt des combines pour les obtenir par une élection au lieu de proposer des solutions sur le long terme qui pousseraient l'Amérique plus près de l'indépendance énergétique.» C'est en ces termes, et bien d'autres, que le candidat à la présidentielle, Barack Obama, manifestait, en pleins moments forts de sa campagne, son engagement de mettre en place un programme qui permettrait à son pays de s'affranchir de la dépendance des importations pétrolières et de soulager, entre autres, les ménages américains de la douloureuses sentence des prix à la pompe. D'où le «New Energy For America» qui nomme ce défi et porte en son sens une vision nouvelle au bénéfice des ménages américains harassés par les hausses de prix du carburant à la pompe. C'est pourquoi, ce programme «précis pour l'énergie», comme le décrit le tout nouveau président des Etats-Unis, adopte une démarche qui consiste à «fournir l'aide immédiate aux familles en difficulté». Pour ce faire, le «New Energy For America» rassemble la nation pour relever un des grands défis de l'heure, explique Obama, «confrontant notre dépendance à l'égard du pétrole étranger, relevant le défi moral, économique et environnemental lié au changement climatique global, et établissant des sources énergétiques propres qui bénéficieront à tous les Américains». Le programme qu'Obama fait sien se résume en six principaux objectifs qui sont les suivants : -Fournir aux foyers américains la possibilité de faire face à la flambée des prix à la pompe -Mettre en place la création de 5 millions d'emplois consacrés aux énergies propres en investissant 150 milliards dans les 10 ans -Economiser, dans un délai de 10 ans, davantage de pétrole que le pays n'en importe actuellement du Moyen-Orient et du Venezuela -Mettre sur les routes d'ici à 2015 un million de véhicules hybrides, pouvant parcourir jusqu'à 150 miles par gallon (63km/l), tout en s'assurant qu'elles soient construites aux États-Unis d'Amérique. -Assurer 10% de la production électrique en provenance de sources renouvelables d'ici à 2012, et 25% en 2025. -Mettre en place un programme d'échange de quotas de CO2 pour réduire de 80% les émissions d'ici à 2050. Un programme assurément ambitieux qui vise à rendre l'Amérique moins dépendante du pétrole, c'est-à-dire réaliser le rêve d'un pays énergivore sans compter, soucieux de consolider davantage son leadership sur l'économie mondiale par la voie de l'industrie. Or, rendre l'Amérique moins dépendante du pétrole suppose rendre son industrie moins dépendante des importations de cette source d'énergie, dont celles qui proviennent des monarchies du Golfe. Cela signifierait-il pour autant que les sommes colossales engrangées par les exportations de ces pays vers les Etats-Unis risquent d'ores et déjà une sensible réduction et porteraient un sérieux coup à leurs équilibres financiers ? Lesquels équilibres reposent sur de fortes recettes estimées à 2 000 milliards de dollars pour les six dernières années, soit plus de 80% des revenus des six monarchies arabes du Golfe. Assurance chez les monarchies du Golfe A se fier aux premières analyses en réaction au programme du nouveau président américain, il ne sera pas aisé, en tous les cas pas à court terme, pour les Etats-Unis de s'affranchir du poids des importations de pétrole. «Il n'y aura aucun problème pour les pays du Golfe dans l'avenir immédiat même si Obama parvient à appliquer sa politique», dira, dans ce sens, Ali Al Dakkak, un économiste saoudien, ajoutant que «quoi que fassent les Etats-Unis, ils devront continuer à importer du pétrole pendant très longtemps». A propos de l'objectif d'Obama d'arriver à accroître la production intérieure de brut, le même économiste fera remarquer que «même s'ils accroissent leur production intérieure, les Etats-Unis ne pourront pas faire baisser les prix en raison des coûts de production très élevés dans ce pays». De son côté, l'expert koweïtien Hajjaj Boukhdour, rappelle que l'Arabie saoudite et les cinq autres monarchies pétrolières du Golfe (Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) produisent de 14 à 15 millions bj, soit près de 20% des besoins mondiaux. Ces six pays, qui détiennent environ 45% des réserves mondiales prouvées de brut, exportent quelque 13 millions bj, mais que seulement 10 à 12% de ce total va vers les Etats-Unis. «Les Etats du Golfe ne seront pas affectés par une nouvelle politique américaine en matière d'énergie, quelle qu'elle soit, en raison de leurs immenses réserves, dont l'importance est appelée à s'accroître au fur et à mesure que la production diminue dans d'autres régions», poursuivra-t-il. Cette assurance à l'égard du plan Obama ne signifie pas pour autant que les monarchies du Golfe peuvent s'endormir sur leurs lauriers. Bien au contraire, l'économiste saoudien et l'expert koweïtien jugent qu'ils se préparent à toute éventualité. «Nous devons chercher par précaution d'autres marchés, même si les chances de voir les Etats-Unis réduire leurs importations de pétrole en provenance du Golfe semblent extrêmement minces», notent-ils. L. I.