Le théâtre régional de Béjaïa (TRB) a depuis le jeudi dernier et jusqu'au 06 du mois en cours, carte blanche au Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi. En plus clair, cette institution régionale se déplacera avec son barda de production annuelle qu'elle présentera durant cinq jours au public algérien. La production annuelle, quoique le théâtre n'a jamais pu depuis les années 80 relever sa tête de l'eau, est au nombre de cinq. Mais à regarder de plus près c'est beaucoup moins, car par exemple la pièce "Wouhouch.com", est une production 2005. Comme son nom l'indique, Carte blanche, est un espace ouvert aux théâtre régionaux qui pourront présenter un programme de leur choix ainsi que d'autres activités en un endroit donné, le TNA et durant une date limitée, celle sur laquelle conviendront les deux institutions qui travaillent en collaboration. La première invitée, c'est le TRB. Selon les organisateurs, Carte blanche est un événement qui permet à un certain public de voir ce qui se fait en matière de théâtre sans avoir à se déplacer dans les contrées lointaines du pays. C'est le théâtre qui vient donc aux portes des algérois et non le contraire ! Le plus content de ce rendez-vous, c'est sans doute Omar Fetmouche, dramaturge et directeur du théâtre régional de Béjaïa qui avoue que cette manifestation lui permet ainsi qu'à tout le staff du théâtre de Béjaïa de présenter les dernières productions du TRB, d'acquérir de nouvelles expériences, de se frotter au savoir des autres pour mieux communiquer. Le DG du TRB qui semble très actif, a d'ores et déjà proposé jeudi dernier, au premier jour de l'ouverture de Carte blanche, " Urgagh Mmutagh " de l'auteur Mohand U Yahia. La pièce est adaptée par Sami Allam et mise en scène par Hassiba Dahmoune Allam. Comme c'est encore les vacances scolaires, les enfants ont eux aussi eu droit, ce vendredi, à un spectacle conçu pour eux et qui avait pour titre, " La vraie force " de Tassadit Remila d'après un texte de Hassen Meliani. Ce samedi, le metteur en scène Djamel Abdelli a rendu hommage à Mouloud Mammeri à travers sa pièce " Le foehn ". Longtemps inédite, "Le foehn " est un plaidoyer contre le système colonial. Cette pièce est écrite au moment même où Mouloud Mammeri publie son second roman, Le sommeil du juste ; et Albert Camus, ses articles dans l'hebdomadaire L'Express ! "Le foehn " est une tragédie en 4 actes (29 scènes), enserrés entre, d'une part, un prologue consacré à la mer et au soleil (Meursault) et, d'autre part, un épilogue consacré à l'éthique de la joie ou à ce que Mouloud Mammeri exprimera dans la seconde pièce, " La mort absurde des Aztèques ", en une formule lourde de sens : " l'exaltation forcenée " (p.11), en réponse à la thèse de l'ethnologue Jean Servier sur le caractère mortifère de la société berbère développée dans son remarquable ouvrage, " Les portes de l'année ". La tragédie - Le Foehn - se passe en un jour entre une aube et celle qui lui succède immédiatement après. Tarik, un jeune fidaï algérois, rentre chez sa mère Zohra dans La Casbah, peu après la levée du couvre-feu imposé par les autorités coloniales. Il simule d'être saoul pour ne pas être intercepté par la patrouille des soldats coloniaux alors qu'il rentrait d'une réunion de cellule de partisans ayant programmé l'assassinat du commandant Brudeau, un colon irréductible. Devant superviser l'attentat, il fait ses adieux à sa sœur Aïni en évitant de revoir sa vieille mère toujours angoissée et inquiète (acte I). Puis il y a eu " Wouhouche.com ", qui relate les péripéties rocambolesques, mi-comiques mi-dramatiques de Meriem, une jeune demoiselle à la recherche d'un époux. Le TRB clôturera Carte blanche avec " Les vigiles ", adaptée du roman de Tahar Djaout et mis en scène par Omar Fetmouche. Le metteur en scène a choisi de distribuer les comédiens de sa propre maison du théatre dont Farid Cherchari, dans le rôle du personnage central, l'inventeur Mahfoudh Lemdjed, Kamel Chamek, Belkacem Kaouane, Rachid Maameria, Djohra Dereghala, Ahcène Azezni, Monia Aït Meddour, Nassima Kedjtoul et Nassim Mohdeb. Cette production a décroché le 1e prix de la meilleure présentation théâtrale dans la précédente édition du festival national du théâtre professionnel. En parallèle de Carte blanche, une exposition et une projection vidéo sont programmées afin de mettre en relief le parcours des différentes productions théâtrales du TRB. Yasmine Ben