Les participants à cette Conférence, qui a duré trois jours (28/31 mars 2010) à Montpellier (France), ont délivré une " feuille de route ". Elle détaille selon le communiqué final des travaux les conditions nécessaires pour atteindre un but essentiel : " Agir pour éradiquer la pauvreté ". Ils étaient plus de 1000 chercheurs, décideurs politiques, agriculteurs, donateurs et membres de la société civile, originaires de chaque région du monde, réunis à Montpellier pour cette première Conférence mondiale sur la recherche agricole pour le développement (GCARD). Les discussions ont abouti à la rédaction d'une " feuille de route " fournissant un cadre pour permettre à la science et à l'innovation de répondre aux besoins des agriculteurs et des pauvres du monde rural. La place des femmes dans l'agriculture et dans la recherche agricole, celle de la société civile, les partenariats et le développement des capacités des programmes nationaux et régionaux sont les thèmes qui ont été principalement abordés lors de la conférence. Selon le directeur des relations européennes et internationales au Cirad, Jean-Luc Khalfaoui, le maître mot de la conférence est le " partenariat ". Il s'agit d'optimiser les recherches menées en agronomie sur le plan international par une plus grande coopération entre tous les acteurs de la recherche privée, publique et de la société civile. L'urgence est là. " Que cela soit sur le thème du changement climatique ou de la sécurité alimentaire, les questions se posent désormais au niveau mondial. Et personne n'est capable d'y répondre à lui seul. Il faut donc pouvoir s'y attaquer d'une manière coordonnée et cohérente. C'est là tout l'enjeu de cette conférence ". " Le temps est passé où nous pouvions fonctionner totalement isolés ", a déclaré Monty Jones, directeur exécutif du Forum mondial de l'agriculture, à l'issue des travaux de cette conférence. " Le temps est passé ", a-t-il insisté, où nous décidions pour les agriculteurs " ils sont les gens pour lesquels nous travaillons. C'est à eux de nous dire leurs besoins ". Pour sa part, le porte-parole de la GCRAD, Pierre Fabre milite pour l'interaction entre le savoir des scientifiques, leurs idées, leur compréhension physique et biologiques des choses, et celui des populations " qui ont des connaissances anciennes sur le fonctionnement de leur écosystème ". " Dans l'orientation que l'on peut donner aux recherches, les agriculteurs sont les mieux à même d'exprimer les véritables contraintes qu'ils rencontrent, où sont leurs difficultés à appliquer des innovations qui paraissent être tout à fait judicieuses aux chercheurs mais qui, parfois, se heurtent à la réalité de ce que sont les exploitations agricoles ", a-t-il assuré. Dans ce dialogue historique entre scientifiques, agriculteurs et décideurs politiques pour éradiquer la famine et la pauvreté, il y a selon certaines analyses une incapacité à accorder à l'agriculture et au développement rural la même priorité qu'à d'autres secteurs que la santé et l'éducation a privé de nombreux pays des capacités nécessaires pour répondre à l'Objectif du millénaire pour le développement, " réduire la faim et la pauvreté ". Ces pays ne sont en outre pas pré parés pour affronter le rapide changement climatique et l'explosion démographique prévue d'ici 2050, ont déclaré des experts à la fin de cette première Conférence mondiale sur la recherche agricole pour le développement. Les pays d'Afrique subsaharienne et d'Asie du Sud, les deux régions regroupant environ 95 % de la population pauvre et la plus mal nourrie dans le monde, ont été identifiés comme des " champs de bataille " pour lutter contre la faim et la pauvreté et où l'aide publique au développement (APD) pour l'agriculture à considérablement chuté, passant de 17 % en 1979, pendant l'apogée de la Révolution verte, à 3,5 % en 2004. Elle a également diminué en termes absolus : de 8 milliards de dollars en 1984, elle est passée à 3,5 milliards de dollars en 2005.