Le forum international sur la finance islamique organisé par Islainvest s'est achevé jeudi à Casablance. A l'occasion de ce forum, le P-DG d'Islainvest, M. Zoubeir Ben Terdeyet a considéré dans une interview qu'il a accordé au Site Afik.com que a finance islamique n'a jamais eu la prétention d'être une alternative, elle est plutôt une offre supplémentaire émanant d'institutions financières souhaitant respecter les règles de la " sharia. ". ila également estimé que l'offre de produits respectueux de la " sharia "pour particuliers en France verra le jour car la demande est croissante. " La forte communauté musulmane est aujourd'hui consciente de l'existence d'une alternative dans sa manière de consommer depuis la création de la banque islamique de Grande Bretagne en 2004 "a -t-il indiqué avant d'ajouter que les banques sont frileuses et mettront un peu de temps à réagir mais certains industriels français travaillent d'ores et déjà sur la mise en place de financement sharia pour faciliter l'achat de leurs produits. Le groupe BPCE vient d'annoncer un partenariat avec la Qatar Islamic Bank pour la création d'une offre commune en matière de finance islamique. Ce n'est donc qu'une question de temps. M. Ben Terdeyet a par ailleurs estimé que la finance islamique a un énorme potentiel en Afrique ! " La population sur le continent est sous-bancarisée et l'une des raisons invoquée par les consommateurs est le rejet du " riba "… C'est un continent avec une croissance importante où les besoins d'équipements des populations est conséquente en raison de l'émergence de la classe moyenne. Tout le monde souhaite avoir sa voiture, son micro onde, son frigo. Ce qui représente autant d'opportunités pour les banques de manière générale or la finance islamique doit s'imposer pour moraliser tout cela. Nous devons éviter les écueils du crédit à la consommation à l'occidental car la finance islamique doit s'accompagner d'un apprentissage de l'art de consommer raisonnablement. Les banquiers du Moyen Orient sont à la recherche d'opportunités et l'Afrique leur est grande ouverte en raison de la forte présence de matières premières et d'une jeune population. Mais il ne faut pas oublier que, par exemple, en Algérie, les banques françaises ont été les premières bénéficiaires de l'ouverture du marché bancaire sur des produits conventionnels ", a-t-il indiqué . Il faut dire que la finance islamique promeut l'investissement dans des actifs tangibles : les investissements doivent être adossés à des actifs réels. Au-delà de ce premier critère discriminant, les financiers musulmans ne dérogent pas à une règle d'or : le banquier n'est pas prêteur mais co-investisseur et donc partenaire du projet financé. Ses revenus correspondront à une quote-part des résultats issus du projet financé. L'exigence d'un audit approfondi des potentiels projets à financer ainsi que l'accompagnement des entrepreneurs pendant les phases de recherche, de lancement et de vie de projet permettent d'éviter une dilapidation de capitaux reçus et une gestion qui s'est, jusqu'alors, révélée salutaire. Le très célèbre principe des 3P (Partage des Pertes et Profits) conduit de manière systématique, le banquier (investisseur) à une vigilance accrue quant à la pertinence du projet financé. La différence de comportement entre l'investisseur " islamique " et l'investisseur " classique " en matière de bourse pourrait être explicitée en deux points. Le premier est investisseur à moyen et long termes, l'autre est, le plus souvent, spéculateur de court terme, profitant des écarts de cours sur un titre. D'ailleurs certains savants musulmans ont pu émettre l'idée de cycle d'investissement concernant l'achat d'actions. La durée de détention d'un titre de société intervenant dans le domaine agricole pourra par exemple correspondre au temps nécessaire pour semer, récolter et commercialiser. La décision de vente du titre sera alors justifiée par une véritable stratégie d'investissement mesurée par le retour sur investissement post-cycle de récolte. Dans leur ensemble, les principes majeurs de la finance islamique, sans se targuer d'être des antidotes absolus pour l'ensemble des maux, constituent un corpus de normes dont la vocation profondément éthique permet de fixer de solides garde-fous aux acteurs de la sphère financière. L'un des défis majeurs de la finance islamique, ou du moins de celui de ses partisans, sera celui de résoudre un paradoxe qui semble être un véritable casse-tête pour les hommes modernes que nous sommes : allier croissance vertigineuse à exemplarité morale. Les analystes de S&P relèvent par ailleurs, que le développement de la finance islamique devrait notamment être soutenu par des avancées dans les pays non musulmans, en particulier l'Europe de l'ouest. Ils citent la France, l'Italie et Malte. Toutefois, ils soulignent que des interrogations demeurent quant à la véritable capacité d'implantation de la finance islamique dans cette zone. L'agence cite, à ce propos, les obstacles réglementaires, notamment en matière fiscale et les incertitudes concernant la demande pour les produits conformes aux principes de la Charia. "La visibilité manque quant à l'intérêt des musulmans pour l'offre de banque islamique et la capacité de ces produits à attirer des non musulmans", note S&P dans l'étude.