Plus de 16 millions d'électeurs soudanais sont appelés aujourd'hui aux urnes pour des élections présidentielle, législatives et régionales, les premières multipartites en près d'un quart de siècle dans ce plus grand pays d'Afrique. Ce scrutin qui durera jusqu'à mardi constitue une étape importante dans la mise en oeuvre de l'accord de paix global (CPA) qui a mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le pouvoir central et les Sudistes et en vertu duquel un référendum est prévu en janvier 2011 sur l'indépendance du Sud du pays.Pour la présidentielle, le chef de l'Etat sortant Omar Hassan el-Bachir, 66 ans, briguera un nouveau mandat en tant que candidat du Parti du congrès national (NCP, au pouvoir). Au pouvoir depuis 1989, le président el-Bachir est donné largement favori en raison notamment du boycott de ses principaux rivaux dont le représentant du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste), Yasser Arman. En dépit de ce boycott, le chef de l'Etat sortant affrontera lors de ces élections 11 candidats dont Hatim al-Sir, 50 ans. Il est candidat du Parti unioniste démocrate (DUP), un des principaux partis de l'opposition qui avait fini deuxième lors des dernières législatives multipartites de 1986. Parmi les postulants pour la magistrature suprême du Soudan figure également, Abdallah Deng Nhial, 56 ans. Il est le candidat du Parti du Congrès populaire (PCP). En plus de ces trois prétendants, Abdelaziz Khaled, 65 ans, candidat de l'Alliance nationale soudanaise (gauche), Mounir Cheikh ad-Din, 49 ans, membre des Forces démocratiques nouvelles (gauche) sont également en lice pour la présidentielle soudanaise. Kamil Idriss, ancien patron de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), et Mahmoud Ahmed Juha Mohammed, 60 ans, seront, quant à eux, des candidats indépendants au scrutin qui verra aussi la participation de Fatima Ahmed Abdelmahmoud, 66 ans, la première femme de l'histoire à briguer la présidence soudanaise.Elle est candidate de l'Union socialiste et démocrate soudanaise (gauche). Elle avait aussi été la première femme ministre (de la Santé en 1974) sous le régime de Gaafar al-Nimeiri.Au dernier jour de la campagne électorale, le président el-Bachir a affirmé vendredi, que ses promesses de développements pour le Soudan n'étaient pas "électoralistes", et qu'elles visaient à "offrir des services de base à l'ensemble du pays". Le chef de l'Etat sortant avait, assuré à plusieurs reprises, que les élections générales "seront transparentes, équitables, propres et exemplaires" dans ce plus grand pays d'Afrique.La commission électorale réglait hier les derniers préparatifs. Les autorités transportaient encore samedi des bulletins de vote dans différentes régions du Soudan afin de s'assurer que les Soudanais inscrits sur les listes électorales puissent se prévaloir à partir de dimanche de leur droit de vote. La logistique est un aspect clé des élections au Soudan, un pays de 2,5 millions de kilomètres carrés, où certaines régions sont complètement isolées. Des avions, des hélicoptères et des véhicules sont mobilisés depuis plus de deux semaines afin d'acheminer le matériel électoral - urnes, bulletins de vote... - dans l'ensemble du pays. Les inquiétudes sur la préparation électorale ont alimenté les polémiques au Soudan sur un éventuel report "technique" du scrutin venant s'ajouter à un report "politique" demandé par une partie de l'opposition qui estime que les conditions d'un scrutin "libre et juste" n'étaient pas réunies. "Nous ne voyons aucune raison d'être préoccupés hormis pour quelques bureaux de votes isolés où les bulletins arriveront peut-être en retard mais les gens auront quand même trois jours pour voter", a affirmé vendredi l'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation observe le processus électoral en cours au Soudan. La Fondation Carter avait suggéré à la mi-mars un léger report du scrutin pour des raisons techniques ce qui avait irrité les autorités soudanaises. "Le communiqué de la Fondation Carter a permis d'accélérer les choses", souligne une source occidentale suivant le processus électoral.