Plus de 16 millions d'électeurs soudanais sont appelés aujourd'hui, demain et mardi prochain à se rendre aux urnes pour des élections présidentielle, législatives et régionales, pour lesquelles le président sortant Omar El Béchir est donné favori pour sa propre succession en l'absence de véritables concurrents en face. Ce scrutin, multipartite, est le premier du genre après vingt-quatre ans de pouvoir absolu de l'armée et de l'actuel président, à la tête du Soudan depuis 1989. El Béchir, 66 ans, se présente sous la bannière du Parti du congrès national (NCP) qui est sûr d'obtenir la majorité des sièges à l'Assemblée nationale alors que le principal parti de l'opposition, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste) a décidé de boycotter cet important rendez-vous électoral qui, selon ses représentants, manque de crédibilité et de transparence. Malgré le boycott du SPLM, considéré comme le seul à pouvoir rivaliser avec le NCP, on enregistre la présence de onze autres candidats en course. On peut citer, essentiellement, Hatim El Sir, 50 ans, candidat du Parti unioniste démocrate (DUP), qui avait fini 2e lors des dernières législatives multipartites de 1986. Parmi les postulants pour la magistrature suprême du Soudan figure également Abdallah Deng Nhial, 56 ans, candidat du Parti du Congrès populaire (PCP). Il y a aussi Abdelaziz Khaled, 65 ans, candidat de l'Alliance nationale soudanaise (gauche), et Mounir Cheikh Ad Din, 49 ans, membre des Forces démocratiques nouvelles (gauche). Kamil Idriss, ancien patron de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et Mahmoud Ahmed Juha Mohammed, 60 ans, seront, quant à eux, des candidats indépendants au scrutin qui verra aussi la participation de Fatima Ahmed Abdelmahmoud, 66 ans, la première femme de l'histoire à briguer la présidence soudanaise. Elle est candidate de l'Union socialiste et démocrate soudanaise (gauche). Elle avait aussi été la première femme ministre (de la Santé en 1974) sous le régime de Gaafar El Nimeiri. L'importance de ce scrutin réside dans le fait qu'il permettra de poursuivre la mise en œuvre de l'accord de paix global (CPA) qui a mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le pouvoir central et les sudistes et en vertu duquel un référendum est prévu en janvier 2011 sur l'indépendance du sud du pays. Au dernier jour de la campagne électorale, le président El Béchir a assuré que les élections générales «seront transparentes, équitables, propres et exemplaires» dans ce plus grand pays d'Afrique. Les élections soudanaises seront, par ailleurs, supervisées par des observateurs internationaux notamment de l'Union africaine (UA), de l'Union européenne (UE), de la Fondation Carter de l'ancien président américain Jimmy Carter) et du Japon. L. M.