Rarement une crise socioprofessionnelle n'aura été aussi éclairante sur la profondeur du fossé qui sépare la Direction générale ArcelorMittal Annaba et le syndicat de l'entreprise que celle de ces derniers jours. D'ailleurs, le secrétaire général de ce syndicat, M. Smain Kouadria n'a pas tardé à en tirer des conclusions. En effet, étant informés du projet du Directeur de la valorisation des ressources humaines (DVRH), qui consiste à réduire les effectifs de 1200 travailleurs et à procéder à des retenues sur salaires des travailleurs ayant participé au regroupement du 8 avril dernier, les syndicalistes ont menacé d'interdire l'accès du complexe sidérurgique d'El Hadjar au staff dirigeant. Ceci dit, il y a lieu de préciser que leur menace cible plus particulièrement le DVRH chargé par le groupe ArcelorMittal de mettre rapidement de l'ordre dans les effectifs. En outre, sur son calepin, il a noté le départ de 1200 travailleurs classés en sureffectif qu'il envisage de mettre en application bien avant la fin de la période de grâce de 10 années, soit en 2011. A vrai dire, cette période avait été accordée par le gouvernement algérien aux Indiens propriétaires depuis 2001 de 70% des actifs de la société ArcelorMittal Annaba. D'autre part, M. Kouadria a affirmé que les syndicalistes semblent, à travers cette autre menace après celle de grève illimitée prévue début mai 2010 en cas de non application du plan d'investissement, vouloir renvoyer à leurs études managériales le directeur général de cette même société et son DVRH. Pour rappel, une grève des salariés du complexe sidérurgique d'El Hadjar a été enregistrée depuis le mois de janvier dernier et ce, à cause du refus de la direction d'ArcelorMittal, qui est propriétaire à 70% du complexe sidérurgique d'El Hadjar, de répondre à leurs revendications qui sont entre autres, la rénovation de la cokerie ainsi que la réalisation de nouvelles installations au sein de cette cokerie. En effet, le plan d'investissement réclamé par le syndicat vise à atteindre une production de 1,5 million de tonnes d'acier à la fin de l'année pour une capacité théorique totale de 2,2 millions de tonnes par an, et ce contre quelque 750 000 tonnes en 2009. Comme signe d'une maturité nouvelle, le travailleur du complexe sidérurgique d'El Hadjar réclame une participation dans la gestion de son outil de production et n'accepte plus qu'elle soit du seul ressort de l'employeur. Cependant, le syndicaliste a déclaré que les 7100 travailleurs regroupés autour de leur syndicat se disent prêts à aller au chaudron pour défendre leurs intérêts. Sur ce, cette nouvelle menace ne plaide pas pour une sérieuse reprise de la production et les prochains mois seront déterminants pour l'avenir du complexe sidérurgique.