Cédée à 22 dinars le kilogramme par le producteur, la pomme de terre atterrit sur les étals à un prix de 60 dinars voire plus (180 DA dans certaines régions). La saison dernière, une tension sans précédent a pèsé de tout son poids "spéculatif" sur ce produit de large consommation qu'est la pomme de terre. Il est grand temps de remettre de l'ordre dans la filière pomme de terre. C'est d'ailleurs ce qu'a déclaré de fait, Cherif Ould-Hocine, président de la Chambre nationale de l'agriculture, qui a réuni, jeudi matin, au niveau du CIAJ de Aïn-Defla-ville, pas moins d'une centaine de gros producteurs de pommes de terre de semence et de consommation de 8 wilayas outre la wilaya hôte. Une rencontre a réuni les deux parties pour évaluer l'état d'application des mesures prises par le ministère de l'Agriculture et de débattre du nouveau dispositif mis en place pour l'encadrement de la filière pomme de terre. Par ailleurs , le premier responsable de la CNA dira " qu'il n'y a jamais eu de visibilité sur le marché national ", et d'expliquer que le fellah ne doit plus produire pour produire, mais pour vendre. D'année en année, grande est la fluctuation des prix de la pomme de terre, mais en fin de compte, seuls le producteur et le consommateur en sont victimes. Le profit devra être " légitime, raisonnable et honorable, mais pas 300, voire 400% du prix d'acquisition auprès du producteur ". Pour y remédier, s'accordent à dire les professionnels et les pouvoirs publics , la filière doit s'organiser. D'abord en amont, pour ce qui est de l'importation de la semence. Adapter cette dernière à la demande nationale et non l'inverse. En effet, plusieurs importateurs ont revu à la baisse la quantité importée après une mévente d'où une tension sur ces prix l'année suivante. Au niveau local, les établissements producteurs de semences seront liés par un cahier des charges pour les booster à produire la quantité désirée. Pour la prochaine saison, 77 000 tonnes de semences seront importées pour un besoin estimé à 140 000 tonnes, le défi est de fait entre les mains des producteurs. Un producteur de Rouina, dans la wilaya de Aïn Defla, a préconisé, dans ce sens, la création "d'au moins une coopérative par wilaya pour l'importation de la semence, regrettant en cela la "disparition de l'ONAPSA". La prise de conscience et le sens des responsabilités des producteurs ne désemplissent pas. La filière de la pomme de terre veut passer à l'étape de l'organisation. On ne peut que s'en réjouir. Il s'agit avant tout de défendre et ses intérêts et ceux du consommateur qui ne cessent de subir les affres de la spéculation.