Avec la célébration du mois du patrimoine plusieurs manifestations sont organisées çà et là afin de dresser un état des lieux de notre patrimoine matériel et immatériel. C'est dans ce contexte justement que l'association des amis du Musée Cirta a tenu à mettre en avant les menaces qui guettent l'antique Cirta. Dans ce contexte, le président de l'association en question, M. Nacer Bennacef a souligné samedi que des pans entiers de la mémoire millénaire de Constantine sont en proie à "l'usure du temps, à l'oubli et à l'indifférence" malgré les efforts des pouvoirs publics tendant à réhabiliter le vieux bâti. Des milliards de DA et d'importantes sommes en devises ont été injectés pour en sauver les plus importants mais "nous nous sentons encore interpellés pour une intervention rapide, efficace et consciencieuse afin de sauver une bonne douzaine d'autres sites éparpillés ça et là, aussi bien à l'intérieur qu'aux alentours immédiats de la cité", a-t-il affirmé. S'exprimant en marge d'une exposition organisée dans l'ancienne Médersa du centre-ville à l'occasion du mois du patrimoine (18 avril-18 mai), le président de cette association a souligné qu'il s'agit, entre autres, de la source de Sidi-Mimoun, de la grotte sous l'hôtel de Paris, à hauteur de la Rue Ben M'hidi, des bains romains en amont des gorges du Rhumel, des inscriptions et du jardin épigraphiques de la Casbah, des grottes préhistoriques de la vieille ville d'El Ghorab et de la maison de Salah Bey (1725-1792). Hamdane Kassouri, membre de cette association a précisé, s'agissant de cette dernière bâtisse, que la maison de Salah Bey, érigée à l'entrée de Souk El Asser, "une autre valeur sûre du patrimoine de la ville", se trouve dans un "état latent d'agonie silencieuse et réclame, plus que jamais, une intervention salutaire". Les conditions de cette bâtisse, actuellement habitée, sont précaires et offrent l'image d'une négligence et d'une lente dégradation de la part de ses locataires qui ont certainement procédé à des "transformations internes malvenues et inappropriées", d'où l'urgence, a-t-il estimé, d'une intervention pour reloger ses occupants, la restaurer et en faire un monument national classé. "El Ghorab", un hameau situé à quelques encablures au nord-ouest du centre-ville et qui servait de village de détente et de villégiature du temps de Salah Bey, était, jusqu'à un passé récent, particulièrement apprécié par les Constantinois qui le visitaient régulièrement, s'y imprégnant de sa splendeur et de sa magie. La beauté du site et le style architectural unique de la résidence du bey, érigée en ce lieu verdoyant, sont malheureusement négligés, a affirmé la même source, assurant que la prolifération des herbes folles et les effets du temps menacent ce qui constituait, jadis, le jardin de prédilection du premier responsable du beylicat de l'Est.