Après la signature des différentes conventions de branches, samedi, qui a consacré le taux moyen d'augmentation des salaires de 20% à 23%, dans les secteurs économique, public et privé, touchant 2 900 000 travailleurs, le patronat met en garde contre les répercussions de ces augmentations sur la santé financière des entreprises. Pour le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani, la décision d'augmenter les salaires des entreprises économiques doit tenir compte de tout ce qui se trame dans l'environnement économique national. "Les augmentations de salaire de 20% est certes un gain important pour le pouvoir d'achat, mais il se peut que ces augmentations peuvent conduire à une inflation qui n'arrangerait pas l'économie nationale, du moment que la croissance économique hors hydrocarbures reste modeste, en particulier celle du secteur industriel productif" a indiqué, hier, M. Hamiani, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon lui, les augmentations opérées engendreront un surcoût pour les entreprises, ce qui va influer sur l'équilibre du pouvoir d'achat des citoyens, a-t-il expliqué en se penchant sur les conséquences des augmentations des salaires sur les entreprises qui subissent déjà des problèmes de déstructuration financière. Ce qui présage un arrêt de production de ces dernières et la suppression de postes d'emploi. Le représentant du patronat impute cette situation à l'absence d'une politique salariale aux contours bien définis qui tienne compte de l'environnement économique dans lequel évoluent les entreprise. Dans ce sens, il reconnaît non seulement la désunion qui caractérise la corporation des patrons, mais aussi le nombre minime de chefs d'entreprise affiliés aux différentes organisations patronales existant sur le territoire national. "Le patronat opère en rang clairsemé. Chaque organisation à sa spécificité de défendre un certain nombre de secteurs d'activité" a-t-il estimé, regrettant le nombre de chefs d'entreprise syndiqués. En effet, sur 33 000 entreprises que compte le paysage économique national, M. Hamiani révèle que le taux d'adhésion n'excède pas les 10% avec toutes les nuisances causées à l'économie nationale. Le représentant du patronat dit que la création d'un "front uni" est envisagé depuis une quinzaine d'années. Mais la corporation n'a pas trouvé les bonnes modalités de création d'une confédération des organisations patronales, a-t-il déploré. Sur l'environnement économique national après les mesures prises par le gouvernement, visant la protection de l'économie nationale, M. Hamiani dénonce la non-implication des pouvoirs publics, des opérateurs économiques nationaux dans l'élaboration de certaines mesures. Selon lui, les mesures prises unilatéralement par le gouvernement ont induit à l'essoufflement de l'environnement des affaires, caractérisé la perte de confiance des chefs d'entreprise en les décideurs, en reprochant à ces mesures d'alourdir davantage les procédures administratives qui pénalisent les producteurs. Dans ce sens, il dénonce les mesures prises dans le tas sans tenir compte des profils des opérateurs économiques. "Instaurer la lettre de crédit parce qu'il existe des entrepreneurs malveillants n'est pas une raison pour effacer les allégements" a-t-il indiqué, en précisant que les différentes mesures n'ont pas fait le distinguo entre importateurs de marchandises pour la revente en l'état et les producteurs qui, eux, sont sévèrement pénalisés, notamment les jeunes entrepreneurs.