L'UGTA a demandé au ministère du Travail de faire appliquer les conventions signées, alors que la situation dans le secteur privé, pour lequel elle a soumis une convention-cadre, demeure floue. Alors que les dispositions relatives aux augmentations des salaires contenues dans les conventions de branches peinent à être appliquées, des milliers de travailleurs des secteurs public et privé n'ont pas vu leur SNMG (salaire national minimum garanti) augmenté à 12 000 bien que le décret 6-395 du 12 novembre 2006 fixant le SNMG à 12 000 DA paru au Journal officiel n°75 devait rentrer en vigueur en ce début de mois janvier 2007. Si dans le secteur de la Fonction publique, les travailleurs concernés par cette disposition ont perçu déjà leurs salaires suivant les nouvelles dispositions réglementaires, dans le secteur économique par contre, de nombreuses entreprises publiques et privées n'ont versé aucun sou de plus à leurs “smicards”. Même les travailleurs exerçant dans des structures relevant de l'administration publique n'ont pu toucher leurs nouveaux salaires. Si ces dernières affirment régulariser cette situation les mois prochains, les premières citées tergiversent et affichent une indifférence quant à l'application de la nouvelle loi notamment au niveau du secteur privé. À Rouiba, des travailleurs d'une crèche publique ont été contraints à réclamer l'application du nouveau SNMG à l'Inspection du travail alors qu'à Boumerdès une entreprise publique de bâtiment continue comme à son habitude de verser des salaires suivant l'ancien SNMG. À Ouled Moussa et Réghaïa, des entreprises privées et des artisans ignorent l'existence du décret et font l'amalgame entre le SNMG et l'augmentation de salaires. Du coup, ce sont des milliers de travailleurs qui sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Aussi, pour parler d'augmentation de salaires de 10% ou 15% pour les travailleurs des entreprises privées notamment, c'est aller en fait vite en besogne. “Nous ne sommes pas liés par les conventions de branches signées par les patronats”, affirme un responsable d'une entreprise de confiserie basée à Boudouaou aux représentants des travailleurs venus le voir à ce sujet. Toujours dans la même localité, un privé qui vient d'acquérir une briqueterie dans le cadre de l'opération de cession des entreprises ne veut surtout pas entendre parler d'augmentations. “Ils sont déjà trop élevés”, disait-il aux syndicalistes. Mais la confusion continue à régner dans certaines entreprises qui disposent pourtant de conventions de branches mais dont les travailleurs n'ont rien vu venir. Certaines de ces conventions admettent une augmentation de salaires mais la conditionnent tout de suite par “la bonne santé financière de l'entreprise” comme c'est le cas des conventions de branches des secteurs bois et bâtiments et BTBH et bien d'autres encore. Dans le secteur pétrolier, les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne puisque les travailleurs de Sonatrach, GCB à titre d'exemple se sont vu augmenter alors que ceux de Naftal et GTP par exemple attendent toujours. Par ailleurs, de nombreux représentants de travailleurs qui ont voulu interpeller leurs employeurs au sujet d'éventuelles augmentations de salaires ont été déboutés à cause de cette disposition introduite par les SGP non pas par mépris pour ses employés mais par souci de maintenir l'entreprise en vie. Les inspecteurs de travail chargés de faire appliquer les conventions de branches n'auront pas grand-chose à contrôler du côté de ces entreprises qui se trouvent “exonérées” de ces augmentations. Cependant, les travailleurs aussi bien du secteur public que du secteur privé ont toujours l'idée que “l'Etat a augmenté les salaires”. Or, les pouvoirs publics ont augmenté les salaires uniquement dans la Fonction publique mais en ce qui concerne le secteur économique, l'Etat ne décide pas mais a simplement encouragé l'augmentation des salaires. Ce qui est différent, a affirmé récemment un représentant du ministère du Travail qui a précisé que seule la convention décide de la valorisation des salaires dans le secteur économique. L'autre problème, qui empêche l'application des 50 conventions déjà signées, réside au niveau de la communication puisque deux mois après leur signature, certains de ces documents n'ont pas été portés à la connaissance des travailleurs. D'où la colère de M. Sidi-Saïd qui a averti récemment les SGP en les mettant devant leurs responsabilités en cas des conséquences qui déboucheront éventuellement de la non-application de ces conventions. M. T.