La fondation Abdelkrim Dali a célébré le 32ème anniversaire de la disparition du grand maître de la musique andalouse Cheikh Abdelkrim Dali, par un concert mémorable ce jeudi à la salle Ibn Zeïdoun de Riadh-El-Feth. Ce rendez-vous hommage a été marqué par plusieurs activités dont la projection d'un film documentaire sur le célèbre artiste avec une présentation fortement documentée de l'écrivain Abdelkader Bendamèche, auteur d'un livre sur Cheikh Abdelkrim Dali aux éditions ENAG et qui a relaté la contribution de celui-ci à la préservation et à l'enrichissement d'un art ancestral, participant même à son "algérianisation linguistique" à travers des poésies et mélodies ayant fait son succès comme "Rihla hidjazia". L'artiste Beihdja Rahal avec notamment sa "nouba Raml" puis le chanteur andalou Nouri Koufi avec un répertoire puisé dans les oeuvres de Cheikh Abdelkrim Dali et dans ses oeuvres propres ont ensuite enchanté un public fort connaisseur, venu en trop grand nombre pour un hommage auquel a d'ailleurs grandement contribué l'ensemble musical de l'association "Cordoba d'Alger" dirigé par Najib Kateb. "La jeunesse de cet orchestre a ravi d'aise les spectateurs avec ce souci exprimé d'assurer la pérennité aux valeurs du patrimoine andalou national" a indiqué un spécialiste de cet art qui a cependant regretté que "ce genre d'initiative, à saluer au demeurant, reste cantonné seulement aux hommages alors que la valorisation d'un patrimoine et l'élargissement pour son intérêt mérite plus d'attention et de soutien grâce à la volonté des associations et au soutien des pouvoirs publics". Pour beaucoup, l'hommage rendu à Cheikh Abdelkrim Dali a réellement "dépassé toutes les espérances à la mesure du talent qui fut le sien et à la mesure de la dévotion qu'il avait témoignée des décennies durant à un art et à sa grandeur". Né à Tlemcen en 1914, Abdelkrim Dali est chanteur et musicien, un Maâlem maître du gharnati et du hawzi tlemcéniens, genres classiques traditionnels de la musique algérienne. Instrumentiste polyvalent, il joue indifféremment le rebab et le oûd. Issu d'une famille de mélomanes tlemcénienne, son goût pour la musique s'est développé au contact des Maîtres Omar Bakhchi, Abdessalam Bensari, Yahia Bendali, Boudalfa, Mustapha Brixi et El Yaho Bensaïd. Il intègre les orchestres de Cheikh Larbi Bensari et Cheikha Titma, ce qui va le faire connaître à tous les férus de musique andalouse. En 1938, il fait une grande tournée en Algérie et l'année suivante en France. En 1940, il participe au lancement de Radio Alger dont il intégra définitivement l'orchestre comme joueur de luth (oûd) en 1952. Ce qui le fit venir à Alger avec sa famille. Après l'indépendance du pays (1962), il participe à toutes les semaines culturelles algériennes dans les pays arabes ou en Europe et on lui attribue une chaire au Conservatoire d'Alger. En 1971, il est conseiller à l'Institut National de Musique, spécialiste de musique arabo-andalouse. Il enregistre toutes les Noubas selon la tradition tlemcénienne. Au déclin de sa vie, il fait le pèlerinage à la Mecque et compose un grand poème symphonique intitulé Rihla Hidjazia, œuvre qui représente le couronnement d'une longue carrière au service de la musique andalouse. Personnalité simple et dotée d'une grande générosité, on retient de cet homme d'un grand talent, une tessiture vocale d'une grande clarté capable aussi de chanter sans micro. Venant de Tlemcen, vivant à Alger, il a su allier les deux styles de la musique andalouse qui sont le gharnati de Tlemcen et la san'â d'Alger.