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Les pays en développement se heurtent à de nouveaux problèmes Les nouvelles règles d'accès au marché et la crise économique affectent le secteur du poisson
Aujourd'hui, le poisson est sur toutes les tables. Et pas seulement la perche ou le saumon, mais aussi des poissons exotiques venant de contrées lointaines, comme le tilapia, le swai, le mahi mahi ou l'abadèche. C'est en effet une des denrées alimentaires les plus échangées au monde: près de 37% de toute la production halieutique- 53 millions de tonnes - fait l'objet d'échanges internationaux. Et ce, pour une valeur de 102 milliards de dollars en 2008. Selon un récent rapport de la FAO, les pays développés se taillent la part du lion en ce qui concerne les importations de poisson faisant l'objet d'échanges commerciaux, soit 60% du total en poids et 80% en termes de flux monétaires. L'Europe, le Japon et les Etats-Unis représentent à eux seuls 75% de toutes les importations de poisson, en termes de flux monétaires. Le montant total de toutes les importations de poisson était de 108 milliards de dollars américains en 2008. Pour l'essentiel, ce poisson provient des pays en développement, représentant 50% des importations des pays riches, pour une somme avoisinant les 43 milliards de dollars américains. Cela signifie bien sûr des revenus - les recettes d'exportations nettes des pays en développement tirées du commerce de poisson s'établissent actuellement à 27 milliards de dollars par an. Mais aussi des emplois. Quelque 43,5 millions de personnes sont directement employées dans les pêches et l'aquaculture à plein temps ou à temps partiel, tandis que le secteur donne du travail à titre occasionnel à 4 autres millions de personnes. Si l'on inclut les emplois dans les industries de transformation (une main-d'œuvre essentiellement féminine), de commercialisation et de services, ainsi que les familles de toutes ces personnes, on estime qu'un demi-milliard d'individus dépendent du poisson pour la totalité ou une partie de leurs revenus. Toutefois, acheminer le poisson sur les étals des marchés n'est pas toujours facile. Et selon les rapports préparés pour la session du Sous-comité de la FAO sur le commerce de poisson, qui s'est tenu à Buenos Aires (26-29 avril), les pays en développement rencontrent de plus en plus de difficultés. Depuis le 1er janvier 2010, l'Union européenne, premier marché mondial d'importation de poisson, exige désormais que toutes les importations de poisson sauvage soient accompagnées d'un certificat validé par les autorités halieutiques du pays dont le navire de pêche bat pavillon. Le but est de combattre la pêche illégale, non réglementée et non déclarée (IUU), un grave problème, mais l'observation des règles impose de nouvelles difficultés aux exportateurs, explique la FAO. D'autres grands marchés préoccupés par la pêche IUU sont en train d'envisager des mesures semblables. Pendant ce temps, un nombre croissant de détaillants alimentaires s'engagent à ne vendre que du poisson en provenance d'une pêcherie durable certifiée - Trader Joe's aux Etats-Unis en est un exemple. Toute une gamme de mécanismes de certification gouvernementaux et privés sont utilisés à cet effet, plaçant la barre encore plus haut. Pour les petits producteurs, acquérir le savoir-faire technique et les meilleures pratiques, investir dans la modernisation des installations et des équipements - et s'y retrouver dans les procédures administratives - indispensables pour répondre à ces exigences, est une véritable gageure, surtout s'ils veulent se conformer à plus d'une norme. C'est là que le Sous-comité de la FAO sur le commerce du poisson a un rôle primordial à jouer. "Cet organe est une instance mondiale unique en son genre où les décideurs des pays importateurs et exportateurs, des aquaculteurs, des Etats côtiers, états de pavillon, états de marché, se réunissent pour trouver des moyens de créer un environnement propice pour l'essor du secteur tout en relevant les défis que comporte ce développement", a déclaré le sous-directeur général de la FAO pour les pêches et l'aquaculture, M. Ichiro Nomura, dans son allocution d'ouverture de la session. "Le commerce durable de poissons sauvage et de fruits de mer dépend d'une base de ressources renouvelable aménagée de façon durable et responsable. Les critères d'accès au marché peuvent être formulés afin de créer des mesures d'incitation d'une pêche durable. L'enjeu pour les responsables politiques est de garantir que ces mesures soient rationnelles, aient un fondement scientifique et ne créent pas de barrières inutiles", ajoute M. Nomura. C'est la première fois depuis sa création en 1984 que la session du Sous-comité du commerce du poisson se tient hors d'Europe et est accueillie par une nation G77. Elle est présidée par Ramiro Sánchez du Ministère argentin de l'agriculture, de l'élevage et des pêches. Selon la FAO, un bon aménagement des pêches est essentiel pour que les pays en développement puissent assurer la durabilité de la ressource. La demande accrue de poisson pour approvisionner les marchés internationaux peut parfois se traduire par une pression excessive sur les ressources, pouvant aboutir à la surexploitation et au gaspillage de certains stocks ichtyques. L'an dernier, la FAO a préparé une série de directives techniques pour une pêche et un commerce responsables, contenant les meilleures pratiques et des avis techniques sur la manière d'optimiser la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et les avantages nutritionnels tirés du commerce de poisson, tout en limitant au minimum les aspects négatifs potentiels.