Dans son monde fait de magie, de contes de fées, de vilaines sorcières, de princes et, surtout, de leçons. Mahi Meslem sillonne le pays en quête d'oreilles enfantines pour les charmer et les transporter loin des soucis. Son métier à lui, c'est d'être conteur, sa mission, divertir et instruire les enfants. Dans sa région natale de Sidi Bel Abbès, il est la star locale, connu de tous. Il passe rarement inaperçu avec sa longue veste, son allure désabusée et sa longue chevelure grisonnante. Bercé par le théâtre et ayant déjà roulé sa bosse dans le domaine, Mahi a consacré sa retraite à une cause plus que noble. D'une voix résonante, il captive l'attention des tout-petits avec ses histoires dont la majorité est puisée dans les contes populaires algériens. Loundja, le Poisson magique et le pêcheur ou encore la Grenouille têtue et tant d'autres petites histoires riches en morales et enseignements. Il faut dire qu'il a une façon propre à lui de vulgariser la vie et de l'expliquer aux bambins dans un langage qui leur appartient. Rencontré lors d'un passage à Sidi Bel Abbès, ce personnage hors du commun, n'a pas hésité une seconde à nous faire découvrir une parcelle de son monde. A bord de son véhicule, il emprunte la route longue et sinueuse et qui mène au centre hospitalier des enfants asthmatiques situé sur les hauteurs de la montagne Tessala. Accueilli comme une star par des dizaines d'enfants malades, il prend place à l'intérieur d'une salle. Assis en tailleur, les enfants forment un cercle autour de lui, même les médecins sont là. «Les enfants l'attendent depuis longtemps. Son passage est inévitable», nous déclare une infirmière. Echanges de salutations entre Mahi et les enfants. On constate rapidement qu'une amitié s'est tissée entre eux. «Il y a des enfants que j'ai vu grandir dans ce centre», dira le conteur. Les enfants s'impatientent et commencent à lui réclamer des contes. Il s'exécute, le sourire aux lèvres. Le silence règne en maître. Seule la voix du conteur emplit l'air des couloirs de ce centre froid et humide. Les enfants ont les yeux rivés sur le conteur et boivent ses paroles. A la fin de chaque conte, il pose des questions pour savoir ce que les enfants ont compris, si le message est passé. Et quand les enfants, ne pouvant plus réfréner leur besoin de bouger, commencent à chahuter, Mahi les rappelle à l'ordre, d'une voix dont le ton autoritaire est édulcoré par la douceur du geste et du sourire. Le temps passe très vite. A la fin de la visite, Mahi nous exprime sa satisfaction.De centres hospitaliers en orphelinats, en passant par les maisons de retraite, Mahi marque son passage et les gens. Doté d'une patience et d'une volonté hors pair, cet homme qui n'attend rien en retour n'aspire qu'à diffuser du bonheur. Un objectif largement atteint si l'on se fie à son succès. W. S.