Les artisans des régions d'Adrar et de Bordj Badji Mokhtar, se sont lancés dans la récupération des métaux faisant d'eux leur matière première qu'ils confectionnent en un objet d'art ou autre accessoire à usage utile. Auparavant ces artisans étaient obligés pour forger toutes sortes d'outils, de fondre le minerai dans des fourneaux d'argile, sur un lit de charbon de bois attisé par des soufflets en peau de chèvre, alors qu'aujourd'hui ils ne sont plus astreints à cette corvée qui demande beaucoup de temps, et de grandes quantités de charbon de bois. L'aluminium, qui sert à faire les gardes des épées artisanales, récupéré à partir des poignées de serrures des portières des véhicules ou des pièces de machines à coudre et autres appareils électroménagers, est fondu dans de vieux ustensiles de cuisine, ainsi que les canettes de boissons gazeuses, ou encore des organes de moteurs usagés. Les lames des épées sont façonnées à partir de cornières métalliques alors que le support de décoration, en cuivre, du fourreau des épées est prélevé sur un tuyau de plomberie. Les ciseaux et les burins, qui leurs servent à découper le métal ou à ciseler les décors des objets artisanaux et qui nécessitent un acier de haute qualité, sont confectionnés à partir de lames de ressorts de véhicules lourds. Il est impossible de trouver chez le maâlem targui un objet qui ne provient pas de la récupération, même l'enclume, qui constitue la base de l'outillage de l'artisan forgeron targui, est "bricolée" à partir d'une partie du vilebrequin d'un véhicule de gros tonnage ou d'un engin de travaux publics. La confection de l'enclume requiert la participation de nombreux artisans et revêt parfois l'aspect d'une véritable "Touiza". Le maâlem qui compte fabriquer une enclume doit égorger un mouton et offrir un repas aux participants à cette tâche, durant laquelle le thé à la menthe est servi à volonté.