Encore et encore une fois de plus, je m'incline devant la mémoire du colonel Amirouche qui fut sans conteste l'un des chefs les plus prestigieux des maquis de la Libération nationale. Il fut aussi un des adversaires les plus acharnés contre le colonialisme qui a mis des moyens énormes pour le terrasser, qui continue encore à vouloir ternir sa mémoire et pernicieusement, à utiliser ce moyen pour soutenir des " hommes politiques " atteints de nanisme et de paranoïa. Je m'incline aussi devant la mémoire et le sacrifice ultime de tous les éléments des transmissions de l'ALN, qui, tout jeunes, sont tombés au champ d'honneur au service de cette arme nécessaire au combat libérateur. Ils portent honneur au pays. A l'éternité, l'Algérie témoignera de leur sacrifice. Un poète a écrit, pour rendre hommage et s'incliner devant la mémoire de tous ceux qui ont offert leur vie pour défendre la liberté, leur honneur et leur patrie. Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie Ont droit qu'à leur cercueil la foule vient et prie Entre les plus beaux noms leurs noms sont les plus beaux Et, comme ferait une mère, La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau. Tous les martyrs de notre guerre de libération nationale, quels qu'ils soient, sont dans nos cœurs. De notre vivant, nous ne les oublierons jamais. Le flambeau est déjà transmis pour éclairer l'oubli qui pourrait s'installer. Les noms des martyrs le Colonel Amirouche et le colonel El Haoues sont de ceux, nombreux, qui ne disparaîtront, ni de la mémoire des Algériens, ni de l'histoire du pays, ni de l'histoire. Ils furent des militants rodés à toutes épreuves, des guerriers émérites, des chefs de maquis exceptionnels, des chefs de guerre qui ont tenu tête, pendant des années, à l'une des plus grandes puissances du monde. Certes, tout ne fut pas facile ou totalement positif pour eux : ce sont les lois de la guerre, guerre qui, il faut le dire, fut celle de David contre Goliath. Ils sont morts debout, face à l'ennemi, la poitrine en avant. Les Français n'avaient pas besoin de faire venir quiconque pour les reconnaître ! Ils sont l'icône, ils sont le symbole, ils sont de ceux qui ont porté très haut l'honneur de l'Algérie. Lycéens de mathélem, (j'étais avec quelques autres), je fus présenté à Amirouche par le commissaire politique Si Abderrahmane Benmoufek au village de Tabouanante fin décembre 1956 afin que celui-ci puisse donner son accord pour que je sois enrôlé dans l'ALN. A l'époque Amirouche était commandant à la wilaya III. Au village de Tabouanante, il était en réunion avec un groupe d'Auressiens de la wilaya I (Elhadj Lakhdar Labidi, Mohamed Lamouri , Ahmed Nouaoura, Ali Machiche, El Haoues Ben Abderrezak, Ali N'mer, Ali Chabati, Mohamed Hadjar, Cherif Djoghri, etc). c'était un matin d'hiver gris et froid. Dans la pénombre d'une pièce mal éclairée nous y fûmes introduits devant la noble assemblée. Les discussions baissèrent légèrement de volume. Amirouche me posa quelques questions, toutes simples, et me demanda où je voulais être affecté. Ce fut Nouaoura qui demanda à ce que je sois dans son secrétariat. Mon acceptation fut immédiate et enthousiaste. Lors de mon court entretien avec Amirouche, je trouvais en lui un homme, affable, souriant, d'une douceur toute paternelle, au visage presque maigre mais aux pommettes toutes rouges, moustache noire, la tête couverte d'un calot noir. Les Auressiens devant retourner dans leur wilaya, on quitta Tabouanante pour rejoindre Mouka. On marcha toujours de nuit, Amirouche était au début de la longue file, le pas alerte et rapide, il marchait très vite. Au refuge de Mouka, le soir et la nuit tombée, après le repas frugal d'usage, les séparations eurent lieu, le groupe auressien et les nouvelles recrues démarrèrent vers le djebel Mansoura sous la protection d'une petite escorte commandée par Abdelkader El Bariki jusqu'au nord du tunnel d'El Achir, en face du village de Aïn defla (rail et route Alger-Constantine) pour commencer, toujours de nuit, à grimper le massif de Mansourah couvert de neige glacée et qui craquait en se brisant sous nos pas. A Mouka, c'était la dernière fois où je voyais Amirouche c'était vers les premiers jours de janvier 1957. J'ai estimé nécessaire de donner ces quelques détails pour éviter l'anonymat d'auteur et amener la véracité utile à ce qui suit : Déclarer et écrire que Amirouche a été " donné " par les siens, lors de son déplacement, lorsqu'il voulait rejoindre la Tunisie en mars 1959 relève de ceux qui ne connaissent pas l'ALN et Amirouche, chef maquisard de premier ordre, et surtout, ont une connaissance déformée de notre histoire de libération, histoire arrangée peut-être à leur convenance. Le colonel Amirouche ", dans les premiers mois de 1959 fut destinataire de convocations à partir de l'état major/EST , pour rejoindre la Tunisie, lequel était sous la responsabilité directe du colonel Mohamed Said. Les messages furent transmis, au travers de la wilaya II (qui était dotée de radio) au travers de la wilaya I qui elle aussi était dotée de radio) les deux missives, devant être remises en personne à Amirouche par estafette. L'impression que donnait cette précaution était certainement que Amirouche reçoive sûrement la convocation. La WI s'acquitta de sa tâche, le colonel Amirouche reçut sa missive en février 1959. L'accusé de réception de Amirouche à la WI, vu les distances, parvint en retard le Colonel Amirouche était déjà tombé au champ d'honneur en compagnie du colonel Haoues Ben Abderezzak au djebel Thamer près de Bousaâda. Une question vient immédiatement à l'esprit : Pourquoi n'avoir pas transmis directement le message de convocation au PC du colonel Amirouche à l'Akfadou ? La vérité est que le refuge qu'abritait le service des transmissions de la WIII dans l'Akfadou a été complètement détruit par une pile-bombe vers le milieu de décembre 1958 (l'état major/Est en fut informé au travers de la WII, il n'a pas de doute). La pile-bombe (pile type BA-48 sert à la réception radio de l'ANGR9). L'abri fut soufflé totalement, les opératreurs et le technicien radio furent déchiquetés, les matériels intégralement réduit en pièces, séparées, déformées et brûlées. Les écrits relatant cette catastrophe sont nombreux et édifiants. Le Colonel Amirouche n'était pas présent lors de l'incident parce qu'il était en réunion inter-wilaya à Ouled Askeur, à la limite entre la WIII et la WII, où était certainement sur le chemin du retour. Le cheminement de cette pile-bombe et comment elle est parvenue au PC de Amirouche est vraiment une énigme. Suivant toujours les mêmes écrits de ceux qui ont approchés de près le Colonel Amirouche, cette soit disante pile fut abandonnée quelques mois auparavant par des soldats français lors d'un ratissage avec quelques rations de campagne. La pile dut ramenée au PC et remise à un officier du staff du commandement de la wilaya. Lequel officier l'amena au refuge radio et l'a remise en mains propres aux opérateurs, après que celle-ci fut montrée à Amirouche et lui avoir confirmé que cette pile est normale et ne présentait aucun danger. Elle ne fut pas utilisée immédiatement. Ils la gardèrent soigneusement en réserve éventuelle, et, tenez-vous bien, s'en servirent même parfois comme oreiller. Le jour fatidique, l'officier supérieur du staff de commandement de la wilaya entra dans le refuge des transmissions et demanda aux opérateurs de lui établir rapidement une liaison radio en phonie avec l'état major/Est est certainement sorti. Il faut signaler que les liaisons radio en phonie étaient rigoureusement interdites, même pour les responsables. La pile BA-48 qui était dans l'ANGRC/9 était certainement trop usée pour ce genre de liaison. Le technicien déballa la pile neuve en réserve et la plaça en toute confiance dans l'ANGRC/9. Il se produisit ce qui se produisit ! Tout sauta, refuge et matériels. Les opérateurs et le technicien furent tués sur le coup, démembrés et calcinés. Le Colonel Amirouche n'était pas là ! Comment peut-on en concevoir que quelqu'un de son staff , quel que soit son grade, puisse demander à s'entretenir par radio et en phonie avec l'état major-Est alors que le chef de wilaya est absent. Jusqu'à présent les parents des opérateurs radios et ceux du technicien, seules victimes de ce terrible attentat, n'ont pas encore fait le deuil de leurs enfants. Que Dieu bénisse nos chouhadas et les accueille en son Vaste Paradis. En plus, ce drame terrible, qui aurait pu être évité, n'est autre chose qu'une répétition. ? Toute l'Algérie, et particulièrement nos Moudjahidine, savent comment sont morts Mostapha Benboulaid et ses compagnons en mars 1956. Comment ne pas se méfier des piles et postes piégées que nous laissent en cadeau nos ennemis ? A son retour de Ouled Askeur, Le COLONEL Amirouche n'avait plus de moyens radios, ni d'opérateurs. C'est à ce moment là, une à deux semaines après son arrivée à Akfadou, qu'il reçut de la main d'une estafette de la WI une missive de l'état major/Est le convoquant en Tunisie. Nous sommes vers la mi-février 1959. On ne peut que deviner dans quel état psychologique et morale était ce chef prestigieux ! Le malheur venait de le frapper, et fort. Malgré cela, quelque temps après, vers le début mars 1959, il prit le départ vers la Tunisie, accompagné d'un groupe restreint de djounouds pour aller vite et ne pas attirer l'attention de l'ennemi. Pour parvenir à l'endroit où l'attendait le colonel El Haoues Ben Abderrezak, deux chemins s'offraient à lui : - Le premier, à partir de son de l'Akfadou, descendre et longer la rive gauche de la Soummam, traverser la route nationale nr 5 ainsi que le chemin de fer vers Béni Mansour, piquer vers les flancs nord-ouest du djebel Mansoura qui descendent en pente douce vers le Hodna. Puis se diriger par le plat vers les djebels Boukhil et Thamer où l'attendait El Haoues. J'ai constaté qu'une profonde amitié les liait, au moins à partir de décembre 1956, pour la dernière fois où je l'ai ai vus à Tabouanante avec le groupe des auressiens. - Le second chemin, serait de traverser la Soummam en dévalant de son PC d'Akfadou, remonter l'autre versant, cheminer sous les forêts de Mouka et de Boni, traverser les forêts rabougris au relief tortueux des Béni Melikeche, en évitant le poste de Bougtone, rappliquer un peu vers l'Est pour être en face du village de Ain Defla au nord de l'ancien tunnel d'El Achir, et marquer un repos. Ici, il faut traverser le profond ravin sur le flanc duquel se trouve le rail, remonter de l'autre côté où se trouve la route Alger-Constantine. Traverser celle-ci en file indienne, en silence, à quelques centaines de mètres à gauche du village de Aïn Defla. Cela doit se faire obligatoirement au crépuscule tombé, parce que traverser le djebel Mansoura et débouler ensuite sur le Hodna n'est pas une mince affaire. Se rendre en Tunisie par la WII était exclu pour le Colonel Amiroche pour les raisons qui concernent la dernière réunion de coordination interwilaya d'Ouled Akseur (6-12 déc 1958) à laquelle Ali Kafi n'a pas voulu assister sans donner de raison. Ce fut Lamine Khene qui y assista pour le GPRA on ne peut pas dire autrement, étant donné qu'il venait d'être désigné comme un de ses membres. A vrai dire le chemin emprunté par le colonel Amirouche de son PC d'Akfadou à Djebel Thameur, reste pour moi non encore totalement identifié. Néanmoins, dans le livre d'u militaire français qui relate une partie de cet événement, celui-ci et je résume : " Par une journée de fin mars 1959, un pipier d'observation, volant sur les douars autour de Dhréat, repéra un homme en kachabia marron et avertit les siens. Une opération fut vite montée. Un accrochage s'en suivit avec un groupe de djounouds. Un prisonnier fut fait par les Français, un certain Kader. Celui-ci, torturé, avoua qu'Amirouche venait juste de quitter l'endroit il y a à peine quelques heures ". Je reste sceptique et perplexe devant de tels écrits. Ces informations étaient elles véridiques ? L'HISTOIRE le dira. La soldatesque du colonel Ducasse, utilisant tous ses moyens, ratissait déjà pendant ce temps les djebels Boukhil et Thamer. Ces djebels sont non seulement dénudés, rocheux et difficiles d'accès, mais de plus, n'offrent ni abri sûr, ni possibilité de repli facile ? on est en fin mars 1959. Ni le Colonel Amiroche, ni le colonel El Haoues Ben Abderezzak n'avaient de radio. Ils ne pouvaient donc, ni recevoir ni émettre de message radio, ni pendant leur déplacement, ni pendant les combats. Dans tous les cas donc, ils ne pouvaient être repérés par. Une autre version, donnée celle-ci par des djounouds qui ont assisté à l'accrochage (déclaration faite au cours d'une commémoration de l'événement à Ryadh El Feth, il y a quelques années) fut que les Français, qui étaient en ratissage et le baroud n'avait pas encore commencé, auraient fait prisonniers un oud eux djounouds qui s'étaient éloignés et les auraient torturés pour en tirer tous les renseignements : ceux-ci avouèrent que Amirocuhe et El Haoues se trouvaient dans les parages. Lors de la bataille du djebel Thamer, ils tombèrent au champ d'honneur en héros, face à un ennemi beaucoup plus nombreux et mieux armés. Omar Driss fut gravement blessé et achevé par les Français. L'Algérie entière ne les oublera jamais et chaque année honore leur mémoire. Mais il est un devoir sacré de répondre à ceux qui délirent et accusent Boussouf, MALG et Boumedienne d'avoir " donné " leurs frères de combat à l'ennemi : En mars 1959, le MALG n'était pas encore créé. Il le fut en début 1960 ! Comment peut-on écrire et déclarer que le MALG avait donné Amirouche à l'ennemi en partance vers la Tunisie ? En mars 1959, Boumedienne était chef d'état major/Ouest et était donc loin de ce théâtre d'opérations, et ne peut en aucun cas être mis en cause pour cette dure bataille. Quand bien même nos services d'écoute à l'ouest aient eu à intercepter et à déchiffrer un message émis par les Français disant qu'ils ont localisé Amirouche en marche vers la Tunisie, il est vraiment naïf de croire que les Français vont le crier sur tous les toits. Cette possibilité est à écarter absolument. Il est imbécile d'y croire. La possibilité à retenir peut-être est la suivante : Ils ont dû envoyer un message envers n'importe laquelle de leur structure après s'être assurés que Amirouche et El haoues étaient bien morts. En guerre, ces coups fourrés sont suffisamment connus et utilisés. On les connaît bien : c'est pour jeter le désarroi dans les rangs de son ennemie (l'ALN) et agir sur son moral ! En conséquence on voudrait bien savoir où est la culpabilité de Boumedienne dans cet événement tragique ? il ne peut avoir aucune responsabilité parce que ces deux chefs combattants illustrés sont tombés au champ d'honneur au Djebel Thamer près de Boussaâda fin mars 1959. l'écrire et le déclarer c'est de la désinformation et de la déformation de notre histoire. C'est un crime envers nos générations futures. Quand à Boussouf, l'accuser de dénonciation à l'ennemi de frères de combat, l'incriminer dans la mort de ces deux illustres héros, cela procède de la provocation, de la diffamation et de la méchanceté la plus monstrueuse. C'est vraiment haïr cet homme pour lui coller une telle infamie ! Boussouf, Bousouf, un traître ? on aura tout vu ! Il fut un militant hors pair, un homme de parole, algérien avant tout, un chef dur, rigoureux et ordonné. Quouqu'on puisse lui reprocher, son œuvre pour la guerre de libération nationale fut immense. Uniquement du point de vue transmission, il réussit à doter chaque wilaya d'au moins deux unités collectives ANGRC/9, même la wilaya 6. Des postes frontaliers, aussi bien à l'ouest qu'à l'est, furent dotés d'ANGRC/9 pour l'émission et pour l'écoute de l'ennemi. Lorsque la WIII perdit ses moyens radios, immédiatement partirent des matériels et des opérateurs de la région des Ksours, à la frontière avec le Maroc, pour rejoindre les wilayas de l'Est et les renforcer en moyens radio. Ils mirent des mois pour traverser presque tout le territoire national, malgré les obstacles rencontrés. C'était pendant le premier semestre 1959. Toujours en 1959, voulant encore renforcer la WIII en moyens radio, il prépara 6 opérateurs et 3 unités collectives ANGRC/9 qui furent intégrées à la compagnie du lieutenant Hidouche en partance pour la Kabylie. Cette compagnie prit quelque retard en frontière puis réussit quand même à traverser le barrage électrifié, malheureusement c' "tait le solstice d'été, vers le 24 juin 1959. une fois en Algérie, le jour s'était déjà bien levé et les djounouds ne trouvèrent pas mieux que de se réfugier dans une orangeraie qui n'offrait aucune couverture végétale suffisante pour qu'ils puissent passer inaperçus et être correctement camouflés. Si en suivit un accrochage d'une extrême violence. Les djounouds de l'ALN ne se laissant pas faire et constatant cela, le commandement français donnera ordre à ses troupes de replier et fit intervenir les B26 qui décimèrent pratiquement nos combattants qui se trouvaient en terrain plat et découvert sans possibilité de repli, tout près de Annaba. Les habitants français regardaient de leurs fenêtres les va et vient des B26 à partir de l'aéroport militaire des Salines. Nous perdîmes la plupart de nos djounouds, nos six opérateurs, nos trois unités collectives ANGRC/9. un mémorial fut érigé à Sidi Salem pour commémorer cette bataille. Nous avions perdu cette bataille dignement, et ce sont les lois dures de la guerre. Comment peut-on accuser Boussouf de régionalisme ? Quelle impudence ! En ce qui concerne les événements de Mellouza, déclarer que Amirouche était en Tunisie (fin mai 1957) en n'avaient rien à voir ce que tout le monde sait), c'est défoncer une porte ouverte ! Encore faut-il être d'une extrême prudence pour traiter cet événement malheureux maintenant. Tout n'est pas encore dit ! Puisque nos nouvelles générations " sont avides de vérités historiques " il faut leur donner, non pas la haine, l'équivoque, les blancs et la " rectification " de l'histoire des fins d'utilisation politicienne actuelle de bas niveau. La réunion interwilaya, qui se déroulera du 6 au 12 décembre 1958, ne fut pas convoquée par Amirouche, il l'a intiiée, contact après contact, quelques mois auparavant. Le lieu retenu le fut en accord avec Ali Kafi, et ce fut Ouled Askeur, à la limite entre la WII et la WIII et non en presqu'île de collo. La WII assura la logistique et la sécurité (déclaration du marhoum Colonel Boubnider). Mais Ali Kafi qui se trouvait à moins d'une trentaine de km ne vint pas ? L'explication qu'il donna tardivement " la WII non concernée par la bleuite " ne tient pas la route. La question reste à élucider. Lamine Khene assista donc à cette réunion. La réunion de Ouled Askeur ne fut pas initiée par Amirouche pour créer des difficultés au GPRA, nouvellement créé, ni pour faire un coup d'état. C'était une simple réunion de coordination, d'examen des difficultés qui se posent aux maquis, mais surtout Amirouche était inquiet, très inquiet, désemparé, par la situation qui prévalait plus intensément à la WIII : La " bleuite ". Il voulait plus d'informations de ses collègues, des conseils, une conduite à tenir face à ce mal terrible et sournois. Il voulait une aide pour sortir la lutte de libération nationale de ce guêpier. De guerre lasse, les quatre chefs de wilaya présents : la une, la trois, la quatre, la six rédigèrent un cahier de doléances, dont une partie, sans grande portée stratégique, fut transmise par radio de la WI vers l'état major/Est. Le reste du document, trop important, Amirouche et El Haoues devaient le remettre au GPRA. La décision fut prise par Amirouche et celui-ci savait que El haoues était apte à les faire traverser vers la Tunisie par le Sud, entre Bir El Ater et El Oued. Mais le destin en décida autrement. Ils tombèrent au champ d'honneur au djebel Thamer en cette journée du 28 mars 1959. ce fut El Hadj Lakhdar Labidi qui avait une copie complète du document, en se déplaçant (convoqué) en Tunisie l'a remise au GPRA. Le contenu de ce cahier de doléances est connu de tous. Ecrire et déclarer que Amirouche a envoyé à Tunis des " étudiants " pour continuer des études et que Boussouf les a détournés pour les transmissions est faux. Nous sommes 1957 et les formations des transmissions n'ont pas encote commencé cette année-là. Il y avait certainement un embryon de transmissions à la base de l'est, et cela n'avait encore rien à voir avec les transmissions initiées par Boussouf. La 1ère promotion de transmissions de l'Est (la 5e promotion) débuta le 10 mars 1958 et fut essentiellement composée de djounouds de la WI, de la WIV, de la WII des éléments envoyés par la fédération de France et des éléments de la WIII, seulement ils n'étaient pas des " étudiants " mais des djounouds venus du maquis. Ecrire et déclarer que Amirouche allait en Tunisie pour dissoudre le MALG (qui n' "tait pas encore né) et l'armée des frontières c'est méconnaître l'ALN, le FLN, et, en ce temps, la situation historique qui prévalait aux frontières Est et Ouest. Amirouche était un authentique militant qui a donné sa vie pour la liberté de son pays, un grand maquisard discipliné, un chef de grande valeur mais ni un forcené, ni un fou. Ecrire et déclarer " Si Amirouche n'était pas mort, l'Algérie ne serait pas le désert sanglant qu'elle est devenue aujourd'hui " : ce sont des paroles d'un esprit malade réellement. Croit-on honorer dignement la mémoire de Amirouche en jetant à la face de nos jeunes de telles phrases haineuses, dénuées de sens et éloignées du réel ordinaire ? C'est pour cela qu'il faut vite conclure : Paix au chahid Amirouche ! Paix, paix, paix à Amirouche ! Qu'on n'utilise plus son nom pour propager une politique populiste, irresponsable, insidieuse, sournoise, socialement destructrice, et tromper nos générations futures.