Le colonel a assuré la sécurité de 3000 moudjahidine durant le Congrès de la Soummam. L'histoire de la Révolution prend le ton d'un récit serein et sans équivoque quand elle est narrée par ses véritable acteurs. «Le colonel Amirouche n'a aucune responsabilité dans les malheureux événements de ce qui est appelé la Bleuite», tranche, d'emblée, Djoudi Attoumi, l'un des proches collaborateurs de l'ancien chef de la Wilaya III. Dimanche dernier, le Café littéraire «l'Ile lettrée» à Alger, a abrité un débat enrichissant sur la guerre de Libération nationale. «Je ne suis pas venu pour polémiquer, mon seul souci est de remettre les faits dans leur contexte historique. Je suis ici pour présenter mes ouvrages qui traitent de la Révolution. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait et de nos chefs, à leur tête le colonel Amirouche», a déclaré M.Attoumi devant un parterre de personnalités où figurent Abdelmadjid Azzi, Mohamed Sebkhi, Hamou Amirouche qui a écrit un ouvrage intéressant sur le colonel, Louizette Ighilahriz, Annie Steiner et Lounès Bouguermouh. A ces derniers, s'ajoute l'historien Daho Djerbal. Le ton est donné. Compagnon de longue date et ami de M.Attoumi, Abdelmadjid Azzi est désigné pour modérer les débats. L'ancien officier de l'ALN dresse un portrait détaillé du personnage. «Amirouche n'est ni un sanguinaire ni un tueur d'intellectuels», lance-t-il. Il en veut pour preuve, la présence dans la salle de personnes que le colonel a envoyées en Tunisie pour poursuivre leurs études. Apres l'indépendance, ils se sont vus attribuer de hautes fonctions d'Etat. M.Attoumi se souvient de l'amour fougueux que portait Amirouche pour la patrie. Il présente un chef charismatique, sobre, fin stratège et visionnaire. Pour ces qualités, il a été désigné pour choisir le lieu du déroulement du Congrès de la Soummam. Aussi, il fut chargé de la sécurité des congressistes. En premier lieu, les Assises devaient se tenir à la Kalaâ des Béni Abbas, la région natale de El Hadj Mohamed El Mokrani, le chef militaire de l'insurrection de 1871, raconte l'auteur. Seulement, l'armée française réussit à récupérer les documents des préparatifs des travaux. En conséquence, les chefs ont opté pour le changement du lieu des assises. Et c'est le choix de Amirouche qui fut validé. Finalement, le Congrès eu lieu a Ifri Ouzellaguen. En chef avisé, Amirouche organise des villages-garnisons. Il interdit la circulation des civils entre les villages. Aussi, il organisa des actions de diversion dans des régions lointaines telles que Bouira. La stratégie deAmirouche s'avère des plus efficaces. Pour preuve, il réussit à détourner l'attention des militaires français de la présence de 3000 maquisards sur les lieux. Pourtant, les hordes coloniales comptaient 10.000 hommes dans la région. «Il y avait autant de moudjahidine que d'habitants», se souvient M.Attoumi. Un autre trait de la personnalité du colonel: son penchant pour la classe intellectuelle. «Amirouche avait senti la nécessité de la présence des personnes instruites dans les maquis», indique M. Attoumi. Pour cela, il avait recruté entre 150 et 180 lycéens. «Aucun n'a été tué dans le cadre de la Bleuite», témoigne l'auteur. La Bleuite est une vaste opération de manipulation montée par les services français en 1957 et 1958, durant la Révolution. Elle repose sur une conception du capitaine Paul-Alain Léger, parachutiste, agent des services de renseignements français (Sdece). «Avant de mourir, le capitaine Léger avait confié à sa femme qu'il avait trop de crimes sur la conscience», révèle Hamou Amirouche. Pour sa part, Daho Djerbal a mis l'accent sur un point important: le déclenchement de la Révolution a permis la naissance d'un pouvoir autochtone, pour la première fois, depuis quatre siècles. Durant cette période, l'Algérie était occupée par les Ottomans, puis les Français. La révolution algérienne traduit l'aspiration du peuple à la liberté. M.Attoumi est l'auteur de plusieurs ouvrages dont. Le Colonel Amirouche, entre légende et histoire est la réplique sèche aux détracteurs du grand chef, Le Colonel Amirouche à la croisée des chemins, une investigation profonde ayant permis de faire la lumière sur plusieurs aspects de la personnalité du colonel. Quant à Avoir 20 ans dans le maquis, il raconte la vie des moudjahidine côtoyant sans cesse la mort. Chronique des années de guerre dans la Wilaya III, revient sur les atrocités commises par le colonialisme français dans cette région. Le tome II de cet ouvrage paraîtra dans les semaines à venir.