La plus grande fête du cinéma, le festival international du film de Cannes s'est ouverte hier avec un film épique qui s'intitule " Robin des Bois" de Ridley Scott. Spectaculaire et aventurier, ce film part à l'assaut de 700 salles, ce même jour et fournit à l'ouverture du Festival sa touche de glamour avec ses deux stars australiennes, Russell Crowe et Cate Blanchett, sur le tapis rouge. Jusqu'au 23 mai prochain, jour où les membres du jury présidé par le cinéaste américain Tim Burton rendront leur verdict final en décernant la Palme d'Or, la plus haute distinction de ce rendez-vous qui mettra en lice quelque 20 films, une centaine de films seront projetés en hors compétition. Absente depuis plusieurs années, l'Afrique fait son grand retour sur la Croisette avec deux films , " Un homme qui crie n'est pas un ours " du Tchadien Mahamet Saleh Haroun et " Hors-la-loi " du Franco-algérien, Rachid Bouchareb. Ce dernier qui a fait l'objet d'une virulente polémique avant même qu'il ne soit vu, sera à l'affiche le 21 mai prochain sous le pavillon algérien. Un député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, l'un des instigateurs de la campagne contre le dernier film de Bouchareb l'a accusé bien sûr sans l'avoir vu, de falsifier l'histoire. Heureusement que d'autres voix s'étaient élevées notamment celle d'une douzaine d'intellectuels ayant publié dans Le Monde un communiqué pour défendre la "liberté de création". "Ceux d'entre nous qui ont été invités comme historiens à voir le film ont aussi des réserves précises sur certaines de ses évocations du contexte historique de la période. " ont-ils déclaré. Une chose est sûre, " Hors la loi " qui semble connaître le même sort que "La bataille d'Alger " ne passera pas inaperçu sur la Croisette. Cependant le défi majeur pour nos deux réalisateurs qui, avec leurs films sur la transmission de savoir père/fils perturbée par l'effort de guerre (Un homme qui crie n'est pas un ours qui danse) et sur les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata (Hors-la-loi), vont nous tenir en haleine lors de cette 63e édition. Habitué à Cannes, Rachid Bouchareb a eu à rafler en 2006 le prestigieux Prix collectif masculin pour " Indigènes " un film sur les soldats africains enrôlés dans l'armée française contre les Allemands pendant la deuxième guerre mondiale. Polémique et pétition En ce qui concerne la sélection officielle, elle compte une cinquantaine de films, le nombre de longs métrages en lice pour la Palme d'or, s'élevant à 19, cette année. La compétition, qui comptait 18 films, en dénombre un de plus depuis lundi, Route Irish de Ken Loach. Au final, 19 cinéastes sont donc là pour en découdre, dont Abbas Kiarostami, Takeshi Kitano, Mike Leigh ou encore Nikita Mikhalkov. L'Iranien Abbas Kiarostami et l'Anglais Mike Leigh ont déjà remporté la Palme d'or, le premier en 1997 avec Le goût de la cerise, le second en 1996, grâce à Secrets et mensonges. Ken Loach est également l'heureux détenteur de ce trophée, remporté en 2006 avec Le vent se lève. Le Japonais Takeshi Kitano avait présenté L'été de Kikujiro, en 1999 en compétition. Nikita Mikhalkov revient, quant à lui, avec la suite de Soleil Trompeur, présenté en compétition en 1994. Montrée en avant-première en Russie, l'œuvre divise la critique, parce qu'elle présente Staline sous un jour favorable. En sa qualité de président de l'Union des cinéastes russes, Nikita Mikhalkov est la cible d'une pétition signée par certains de ses confrères et sobrement intitulée "On ne l'aime pas !". Très discrète en compétition (avec Fair Game de Doug Liman, avec Naomi Watts et Sean Penn), la présence américaine est notable, ailleurs, dans la sélection, avec You Will Meet a Dark Stranger de Woody Allen ou Wall Street - l'argent ne dort jamais d'Oliver Stone. Le cinéma asiatique comble le vide américain en compétition: le Japon est présent avec Takeshi Kitano, la Chine avec Wang Xiaoshuai, la Thaïlande avec Apichatpong Weerasethakul. La Corée du Sud confirme sa position dominante avec deux films: The Housemaid d'Im Sangsoo, remake d'un classique de 1960, et Poetry de Lee Chang-dong.