Les contrats à terme sur le pétrole brut restaient en territoire négatif, hier, après avoir fortement baissé jeudi, malgré le redressement de l'euro face au dollar. Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdait 32 cents à 71,52 dollars par rapport à la clôture de la veille. A la même heure, le "brut léger texan" (WTI), pour livraison en juillet également (contrat devenu la nouvelle référence vendredi), cédait 57 cents à 70,23 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Comme cela a été le cas toute la semaine, les cours du pétrole suivaient la direction des Bourses, qui continuaient à faire grise mine vendredi. Plombées par les craintes sur l'euro, les places de Paris, Londres et Francfort reculaient au début des échanges. En Asie, la Bourse de Tokyo a clôturé sur une baisse de 2,45% à cause des ennuis européens. Les économistes redoutent que les déboires budgétaires de la zone euro ne se traduisent par un net ralentissement de la reprise, voire une rechute de l'économie mondiale. L'annonce d'un fort recul de l'indice composite des directeurs d'achats (PMI) de la zone euro en mai, qui synthétise l'activité dans les services et l'industrie, pourrait bien indiquer que ce risque se matérialise. La veille, le marché avait déjà mal pris l'annonce d'une remontée surprise des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis pour la première fois en cinq semaines. Le pétrole limitait néanmoins ses pertes grâce à un petit recul du dollar face à l'euro. La monnaie unique profitait en effet de l'espoir que la réunion des principaux ministres européens des Finances vendredi à Bruxelles débouche sur de nouvelles mesures pour enrayer la crise de la dette en Europe. Couplées à une forte appréciation du dollar face à l'euro, les craintes sur la santé de la zone euro ont fait perdre au pétrole environ 15 dollars en trois semaines. A New York, le brut pour livraison en juin, un contrat dorénavant expiré, avait plongé jeudi jusqu'à 64,24 dollars, son plus bas niveau depuis le 30 juillet 2009. A Londres, le Brent de la mer du Nord arrivant à échéance en juillet avait touché 70,20 dollars, un plus bas depuis début février. Les analystes s'accordent en général à penser que le marché subit une correction "méritée", car les cours avaient grimpé trop haut pour un marché amplement approvisionné, si ce n'est en excédent. Mais pour Olivier Jakob, fondateur du cabinet genevois Petromatrix, un autre facteur accentue la dégringolade des cours: comme à l'automne 2008, après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les investisseurs sont en proie à la panique et ils cherchent par tous les moyens à réduire leurs risques en fermant des positions. "Il est trop tôt pour identifier un prix plancher pour le pétrole brut, sachant que les marchés restent fortement agités", juge ainsi M. Jakob, soulignant aussi que les opérateurs sont exposés au risque croissant de verser des dépôts de garantie pour couvrir leurs opérations, ce qui pourrait aggraver la chute des prix. "C'est toujours la même histoire, les investisseurs continuent à se désengager des placements les plus risqués", conclut Andrey Kryuchenkov, du fonds VTB.