Après l'avoir annoncé, les autorités thaïlandaises ont finalement décidé dimanche de ne pas imposer de couvre-feu dans les quartiers de Bangkok où se sont déroulés des affrontements sanglants entre l'armée et les opposants anti gouvernementaux des "Chemises rouges", qui ont fait au moins 25 morts depuis jeudi. Le général Aksara Kerdphol, chef d'état-major adjoint, a précisé à la presse que le gouvernement ne voyait plus la nécessité de mettre en place un couvre-feu, sans expliquer les raisons de ce revirement. Un porte-parole de l'armée, le colonel Sansern Kaewkamnerd, a par ailleurs annoncé que les autorités allaient autoriser la Croix-Rouge et d'autres organisations à "inviter ou persuader les gens, surtout les femmes, les enfants et les personnes âgées, à quitter la zone" de protestation, environ 3 km2 dans le quartier commerçant de Rajprasong. Quelques centaines de femmes et d'enfants ont été vus dimanche se réfugier dans un grand temple du quartier. Dimanche, une colonne de fumée noire s'élevait dans la capitale après que des manifestants eurent bouté le feu à des pneus servant de barricade. Un poste de contrôle routier de la police a également été incendié. Dans son allocution télévisée hebdomadaire, le Premier ministre Abhisit Vejjaajiva a estimé que la réponse militaire était appropriée pour mettre fin aux troubles, soulignant que "le meilleur moyen de prévenir des pertes est de mettre fin à la contestation", laquelle "crée des conditions propices à la survenance de la violence". Il a précisé avoir ordonné le report d'une semaine de la rentrée scolaire, prévue normalement lundi. La situation était relativement calme dimanche à Bangkok, après les affrontements de la veille entre l'armée et les opposants, au troisième jour de violences après le début d'une opération miliaire pour tenter de boucler la zone occupée par les "Chemises rouges", privée d'eau et d'électricité. Selon le colonel Sansern Kaewkamnerd, le nombre de manifestants retranchés dans le camp a diminué de moitié, passant de 10.000 à 5.000 environ. Environ 25 personnes ont perdu la vie dans les conflits entre soldats gouvernementaux et manifestants anti gouvernementaux à Bangkok depuis vendredi, a confirmé dimanche à l'agence Xinhua le centre du service médical d'urgence d'Erawan à Bangkok. Quelque 215 autres ont été blessées, dont des agents de la sécurité et des civils, a précisé le centre, ajoutant que le nombre de 240 victimes a été enregistré jusqu'à 14h00 locales. Les derniers développements ont suivi le discours à la nation de M. Abhisit samedi soir selon lequel il est nécessaire pour le CRES de maintenir la pression sur les "chemises rouges" pour mettre fin à leur rassemblement de deux mois au centre de Bangkok. Les troupes ont commencé à encercler le camp fortifié des "chemises rouges" jeudi soir, engendrant de violents affrontements dans lesquels Khattiya Sawasdipol, le conseiller militaire en chef des manifestants, a été blessé par balle à la tête.