Interview exclusive du docteur abderrahmanne Mebtoul* Question 1- Place du secteur privé bancaire en Algérie ? Le rapport de la banque d'Algérie 2008- peut de changement entre 2009/2010-, montre qu'après plus de 10 années d'ouverture, nous avons six (6 )banques publiques et quatorze (14) banques privées mais attention l'important n'est pas le nombre. 90% du financement de l'économie algérienne ( 100% secteur public et plus de 77% secteur privé) se fait par les banques publiques avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39% au niveau d'une seule banque la BEA dont Sonatrach est cliente et seulement 10% par les banques privées, (moins de 6000 personnes sur un total d'emplois de plus de 35.000) avec une concentration de plus de 52% toujours pour les actifs pour trois banques et sur ces 10% , certaines sources avancent 7% environ de part de marché aux banques internationales. Question 2- Pourquoi ce contrôle des banques étrangères? Il existe un paradoxe toujours selon ce rapport officiel de la banque d'Algérie, le taux de profit des banques étrangères est d'environ 28% (récupération du capital avancé d'environ trois années ce qui ne se passe nulle part dans le monde) car, pour l'Europe le taux de profit bancaire est d'environ 12% et pour la Tunisie et le Maroc 15%. A la lumière de la crise mondiale et notamment de la volonté de tous les Etats d'encadrer le secteur financier, évitant de confondre le rôle stratégique de l'Etat régulateur au retour au tout Etat utopique et suicidaire, afin d ‘éviter les bulles spéculatives au détriment de la sphère réelle, et dont la crise grecque récente en est l'illustration, il est normal qu'un pays puisse se protéger contre la fuite des capitaux. C'est pourquoi, les banques étrangères doivent s'inscrire dans le cadre de la loi sur la monnaie et le crédit et respecter les règles prudentielles. Cependant, l'arbre ne doit pas cacher la foret, comme signalé , les banques publiques contrôlant environ 90% du crédit octroyé, c'est à ce niveau qu'il faut surtout agir tout en évitant de décourager l'investissement porteur de valeur ajoutée qu'il soit national ou étranger. Question 3- L'objectif stratégique pour l'Algérie ? Je pense que les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire ne peuvent être que des mesures transitoires tenant compte de la crise mondiale afin d'éviter les impacts négatifs sur les réserves de change de l'Algérie, l'instauration d'une économie de marché concurrentielle, couplée avec une profonde justice sociale est irréversible. L'objectif stratégique donc selon mon point de vue, en cette ère de financiarisation accrue de l'économie et des interdépendances des économies, pour l'Algérie, c'est la transition d'une économie administrée fortement bureaucratisée reposant essentiellement sur les hydrocarbures dont le système financier est le lieu de redistribution de cette rente, donc enjeu de pouvoir, à une économie productive reposant sur le savoir et de véritables entreprenants. *Professeur université en management stratégique, expert international