La capitale afghane et le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, on été le théâtre hier de deux attentats-suicide qui ont fait 29 morts et une soixantaine de blessés, selon les autorités. Au Pakistan, l'attentat à l'explosif a coûté la vie à trois policiers, dont un haut responsable et huit civils, parmi lesquels deux écoliers, a précisé le chef de la police de la région de Dera Ismail Khan, Gul Afzal Khan. Quinze autres personnes ont été blessées dans cette attaque perpétrée par un kamikaze à vélo. En octobre, plusieurs centaines de milliers de personnes avaient fui vers Dera Ismail Khan lors du lancement d'une grande offensive militaire terrestre contre le principal bastion des talibans pakistanais dans la région tribale du Sud-Waziristan. Ce déplacement de population était venu s'ajouter à de sérieuses difficultés causées par de précédentes opérations similaires, notamment une dans la vallée de Swat, près de la frontière avec l'Afghanistan. Au total, trois millions de Pakistanais, d'après les estimations, sont partis l'an passé vers d'autres régions pour fuir le conflit, soit le plus grand nombre au monde de personnes déplacées à l'intérieur d'un pays, selon un rapport soutenu par l'ONU qui a été diffusé lundi. A Kaboul, l'explosion d'une voiture piégée revendiquée par les talibans a coûté la vie à 18 personnes, dont six militaires de l'Otan, et fait 47 blessés. Par ailleurs, un kamikaze circulant à vélo a tué onze personnes et en a blessé 15 autres dans l'attaque d'une patrouille de police à Dera Ismail Khan, une localité du Nord-Waziristan. L'attentat dans la capitale afghane, condamné par le président Hamid Karzaï, est la première attaque d'envergure à Kaboul depuis le 26 février, quand des kamikazes avaient pris pour cibles deux petits établissements hôteliers du centre-ville. Seize personnes, dont six ressortissants indiens, avaient alors été tuées, conduisant la police à s'engager en faveur d'un renforcement de la surveillance et de la sécurité. Les autorités afghanes avaient attribué l'attentat au Lashkar-e-Taiba, milice islamiste basée au Pakistan tenue responsable par New Delhi des attentats ayant fait 166 morts en novembre 2008 à Mumbai (Bombay). La nouvelle attaque est aussi la plus meurtrière pour les forces de l'OTAN depuis un attentat-suicide qui a fait six morts dans les rangs des soldats italiens en septembre. Mardi, l'explosion d'une voiture piégée a frappé un convoi de l'OTAN en pleine heure de pointe, tuant six militaires dont cinq Américains, selon l'Alliance atlantique et un porte-parole des forces américaines. La nationalité du sixième soldat n'a pas été communiquée dans l'immédiat. Douze civils afghans ont également perdu la vie et 47 ont été blessés. Il s'agissait pour la plupart de passagers d'un autobus bondé, a précisé le ministère de l'Intérieur. Il y a des "victimes parmi les forces de l'OTAN et les civils -des femmes" et des "enfants", a déploré le président Karzaï lors d'une conférence de presse. Si la police a fait état de l'arrestation d'un certain nombre de soi-disant kamikazes depuis février, ce dernier attentat vient rappeler la menace que des assaillants déterminés peuvent faire peser sur le dispositif défensif de la ville. Un porte-parole des talibans a déclaré dans un appel téléphonique à l'Associated Press depuis un lieu indéterminé que le kamikaze vivait à Kaboul et que sa voiture était bourrée de 750 kilos d'explosifs. L'attentat visait le convoi étranger, a-t-il dit. Des soldats américains et des policiers afghans ont établi un cordon de sécurité autour des carcasses des véhicules dans le secteur jonché de débris. Selon l'Otan, cinq de ses véhicules et plus d'une dizaine de véhicules civils ont été endommagés. Cet attentat a été perpétré à l'heure où l'Alliance atlantique prépare une vaste offensive dans la province méridionale de Kandahar, bastion des talibans. Notons par ailleurs que le président afghan Hamid Karzaï s'est dit hier satisfait du résultat de sa visite de trois jours aux Etats-Unis et de sa rencontre avec le président Barack Obama et les autres leaders américains. Au cours de cette visite de trois jours, le leader afghan a ajouté que les dossiers concernant la situation sécuritaire en Afghanistan, la guerre contre le terrorisme, le développement économique et social, la corruption, les efforts de paix, la protection de la vie civile et l'assurance d'une bonne gouvernance ont été discutés avec les leaders américains. Les Etats-Unis ont promis de soutenir les processus de réconciliation du gouvernement afghan, qui accordent une place honorable dans la société à ceux qui cessent d'entretenir des liens avec AlQaïda, qui renoncent à la violence et acceptent la Constitution afghane, a souligné le président Karzaï.