Sous la pression intense de Washington, l'armée pakistanaise a lancé depuis le printemps une série d'offensives et d'opérations militaires contre les combattants islamistes Au moins 15 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées hier dans deux attentats suicides dans le nord-ouest du Pakistan, dont le premier a été immédiatement revendiqué par les taliban pakistanais liés à Al-Qaîda. Ces derniers sont tenus pour responsables de la vague sans précédent d'attentats - perpétrés pour la plupart par des kamikazes - qui a fait plus de 2100 morts dans le pays ces deux dernières années. Vers 07h30 locales, un kamikaze a fait détoner un petit camion bourré d'explosifs devant un poste de police dans la banlieue de la ville garnison de Bannu, non loin de la frontière afghane, tuant au moins deux policiers, deux détenus et un passant, et blessant plus de 50 personnes, selon la police. Quatre heures plus tard, en plein coeur de Peshawar, la capitale tentaculaire de la province de la Frontière du Nord-Ouest (Nwfp), un autre kamikaze a fait sauter une voiture piégée sur une avenue menant à la principale base de l'armée, a expliqué sur place l'officier de police Abdul Ghafour Afridi. «Au moins dix personnes ont été tuées et 50 blessées», a déclaré à des journalistes un responsable gouvernemental local, Zahir Ali Shah. La bombe a explosé au milieu d'une foule importante, près d'un centre commercial et de nombreuses boutiques, dont deux banques, dans un quartier résidentiel où logent de nombreux officiers de l'armée. «De nombreux employés sont piégés dans les décombres de la banque», expliquait Saghir Khan, un employé d'un des deux établissements financiers. Le Pakistan est le théâtre d'une vague sans précédent d'attentats, perpétrée essentiellement par des kamikazes taliban pakistanais liés à Al Qaîda. La police et l'armée sont les principales cibles, mais de nombreux civils périssent dans les attentats. «Cette attaque est en réaction aux opérations en cours dans les régions» tribales, a déclaré de son côté le chef de la police de Peshawar, Liaqat Ali Khan. Sous la pression intense de Washington, l'armée pakistanaise a lancé depuis le printemps une série d'offensives et d'opérations militaires contre les combattants islamistes dans le nord-ouest et plusieurs districts tribaux. «Nous revendiquons la responsabilité de l'attentat de Bannu», a déclaré un porte-parole du Mouvement des taliban du Pakistan (Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP). Bannu est une ville garnison à la lisière du district tribal du Waziristan du Nord, frontalier avec l'Afghanistan, et un des bastions des taliban pakistanais mais aussi de combattants d'Al-Qaîda et de taliban afghans. En un mois, quatre salves de missiles américains y ont tué des dizaines de combattants islamistes. Le TTP est une fédération des principaux groupes islamistes armés répartis dans les zones tribales et une partie du nord-ouest. Son chef et fondateur, Baïtullah Mehsud, a été tué le 5 août par le tir ciblé d'un missile américain dans son fief du Waziristan du Sud. Hakimullah Mehsud a été désigné début septembre comme son successeur. «Nous étions restés silencieux et le gouvernement a pris ce silence pour un signe de faiblesse depuis le martyre de Baïtullah», a expliqué le porte-parole du TTP. «Nous ne sommes pas affaiblis et, à l'avenir, nous allons frapper les installations du gouvernement ainsi que des hauts responsables avec la plus grande sévérité», a promis le porte-parole taliban.