Les éditions Barzakh ont rendu la semaine dernière un vibrant hommage à Jean-Jacques Deluz, qui a fait l'objet de deux rencontres posthumes une année à peine après sa mort. Annoncé aux memes éditions, un recueil de ses textes écrits entre 1956 et 2007 vient de paraître. L'architecte Jean-Jacques Deluz est décédé dans la nuit du 30 avril à l'hôpital de Ain Naadja à Alger. Il était âgé de 79 ans. Il a été inhumé le 2 mai au cimetière d'El Alia. Au cœur des questions de qualité face aux contraintes d'une croissance non maîtrisée en matière d'architecture et d'urbanisme, "la complexité, la nature, l'environnement, la simplicité, l'harmonie, le savoir-faire, la maîtrise des outils..." étaient au menu de la conférence donnée par l'architecte, durant le mois de septembre précédent, au Centre culturel français d'Alger. Architecte, urbaniste et enseignant suisse établi à Alger depuis 1956, année où il a obtenu son diplôme à Lausanne, Jean-Jacques Deluz y a côtoyé Fernand Pouillon et s'est lié d'amitié avec de nombreuses figures de la vie culturelle des cinquante dernières années. Après le bureau d'architectes Daure et Béri, il se forme à l'urbanisme à l'Agence du Plan d'Alger avant d'ouvrir son cabinet en 1963. Il enseignera l'architecture de 1964 à 1988, date à laquelle paraît " L'urbanisme et l'architecture d'Alger ". Dans cet ouvrage, Jean-Jacques Deluz nous plonge dans sa ville d'adoption qu'il devait un temps quitter en 1993 et sur laquelle il porte un regard averti mêlé de réflexions intimes. De retour en 1997, il travaille avec le gouvernorat d'Alger et projette la ville nouvelle de Sidi Abdellah, ses infrastructures et services avec le souci de l'environnement et de la qualité de vie. Dix ans après le lancement du chantier, les travaux piétinent. " Alger, El Djezaïr, Chronique urbaine " a pour sa part été rédigé entre février 1999 et avril 2000. "Je l'ai écrit dans l'ordre même des chapitres en suivant le chemin sinueux de mes souvenirs tels qu'ils s'inscrivent dans la géographie de la ville. Il commence en découvrant la Casbah, il finit dans la Casbah, cœur (au sens physiologique du terme) d'El Djezaïr, d'Alger". Atteint depuis longtemps d'une "Polly Hartritt", comme il l'a lui-même rebaptisée, resté actif et disponible malgré son âge et la polyarthrite, Jean-Jacques Deluz s'est éteint dans la discrétion, comme il a toujours vécu. Jean-Jacques Deluz est d'origine Suisse, dès la fin des années cinquante, son diplôme d'architecte en poche, il travaille à Alger. Il est le maître d'œuvre de la ville nouvelle de " Mahelma " qu'il nous présente à la fin d'un parcours, haut en couleurs, dans Alger " sa " ville. Avec lui nous parcourons les larges avenues de la ville Européenne " Alger la Blanche ", les ruelles de la Casbah, Bab El Oued, les Cités de Pouillon et d'autres quartiers de cette magnifique Cité, ottomane, barbaresque, française et algérienne. Avec beaucoup de sagesse et d'humour, Jean-Jacques Deluz, professeur à l'Ecole nationale d'Architecture d'Alger, et auteur de plusieurs ouvrages sur Alger, tire les leçons du tremblement de terre de mai 2003, et lève un coin de voile sur cette ville, objet de tant de passions… R.C.