Au lendemain de l'indépendance, les thèmes que favorisaient les réalisateurs algériens étaient, dans la plupart du temps, liés au mouvement national et à la guerre d'indépendance. Dans les années 80, peu à peu nos cinéastes s'étaient détournés de ces sujets pour en explorer d'autres, liés surtout au social. Actuellement, il y a un retour notoire vers les thèmes de la révolution, notamment depuis que le président de la république, Abdelaziz Bouteflika a promis d'aider tout les artistes, cinéastes ou pas, qui se pencheraient à travers leurs œuvres sur notre histoire. Les lendemains de l'indépendance auront été marqués par de grandes œuvres historiques, à l'image de la Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo, ou encore des " Chroniques des années de braise " de Lakhdar Hamina. Après Ben boulaid d'Ahmed Rachedi paraphé il y a deux ans, le cinéaste Said Ould Khelifa s'est mis sur le chantier filmique relatant la vie du premier guillotiné d'Algérie, le martyr Ahmed Zabana tandis que Ahcène Osmani est déjà sur les lieux de repérages pour son prochain " Les lions du Djebel ". Le film porte aussi sur la reconstitution des faits survenus, de 1945 à 1962, dans cette base de la Révolution (Ath Yahia Moussa), dont l'histoire est intimement liée au combat de son enfant prodige, Krim Belkacem. Pour les besoins de production sur la wilaya III historique, une équipe de techniciens de la Coopérative Maghreb audiovisuelle (Comapav) s'est rendue il y a dix jours dans la commune d'Ath Yahia Moussa, à une vingtaine de km au sud de Tizi-Ouzou, pour recueillir les données nécessaires à la mise en place d'un plateau technique. Lors de sa rencontre avec la population locale, le réalisateur a souhaité que celle-ci "contribue au succès du tournage de la grande bataille du 6 janvier 1959, livrée par les moudjahidine à l'ennemi pendant six jours, après que ce dernier ait appris la tenue d'une réunion de coordination entre Amirouche et M'hamed Bouguerra, commandants, respectivement, des wilaya III et IV historiques". Le film se veut objectif " Nous n'avons pas la prétention de pétrir l'histoire selon nos ambitions, mais juste de restituer des faits en toute objectivité pour que nul n'oublie les atrocités subies par le peuple sous le joug colonial", a indiqué le moudjahid Smail Idir, en soulignant que l'objectivité commande à ceux qui prétendent écrire l'histoire de ne pas juger ceux qui l'ont faite, car ceux-là ont accompli avec succès leur mission. Parallèlement à la réalisation de ce long métrage de 2h30mn, il est projeté également de réaliser un feuilleton de 26 épisodes, traitant d'événements saillants de la lutte armée de libération nationale, tels que le congrès de la Soummam, la bataille de Djebel Thameur, "l'opération l'oiseau bleu" et autres faits ayant marqué plusieurs régions du pays, annonce la même source. C'est au cours de la bataille de Djebel Thamer que sont tombés au champ d'honneur les deux héros et chefs de la guerre de libération les colonels Amirouche et Si El-houès, qui dirigeaient respectivement les wilayas historiques III et VI. "C'est pour remettre le scénario du film à des moudjahidine de M'sila que je suis venu (dans la wilaya) afin qu'ils le lisent, l'enrichissent et en rectifient éventuellement, les insuffisances à l'occasion d'une réunion régionale prévue à Tizi-ouzou'', a indique le cinéaste, Ahcène Osmani. Annonçant pour ''prochainement'' le début du tournage, Osmani a fait savoir que son long-métrage est consacré à onze figures dirigeantes de la lutte de libération dans la wilaya III historique dont Krim Belkacem, les membres du groupe des six historiques et les colonels Amirouche, Si El-Houès et Mohand Oulhadj. Le film est financé par la Coopérative maghrébine et africaine pour la production audiovisuelle (COMAPAV) de Draâ Ben Khedda (Tizi ouzou) pour 1,26 milliard DA. Son objectif est de participer à étoffer le patrimoine documentaire sur la guerre de libération, a noté le cinéaste. Le réalisateur compte donner le premier tour de manivelle de ce produit cinématographique vers novembre prochain. "La production du film prendra quelque 30 mois, et nous comptons le projeter au mois de juillet 2012". Le scénario des "lions du djebel" a été élaboré par une commission nationale pluridisciplinaire, ayant travaillé en étroite collaboration avec les moudjahidine de 20 wilayas du pays, ainsi que la Fédération de France du FLN, pour le recueil de témoignages et de documents nécessaires au film, en plus de dialogues avec 13 personnalités historiques, et les associations des condamnés à mort et celle des invalides de guerre.