Nombre de personnes pensent que la lutte contre la corruption passe par une véritable démocratie. La démocratie est, elle seule, le système qui permet la transparence, le débat public, l'exercice des contre-pouvoirs et le recours à une justice " indépendante ". Il y a des " élites " qui sont contre la démocratie, non pas par conviction, mais par intérêt politique, à savoir dynamiter la passerelle qui mène vers l'alternance quand elles sont au pouvoir ou quand elles savent qu'elles vont sans nul doute y accéder. Un bilan total (comme le disent les médecins) demeure à faire par le diagnostic de la situation politique, un diagnostic sans complaisance, pour savoir quels sont les facteurs qui contribuent à dévier la conduite du processus de démocratisation vers les intolérances et les insécurités ? Comment ces dites élites avaient conduit, peut être inconsciemment, le processus de déviation vers ce qu'on appelle la tragédie nationale ? Il ne s'est pratiquement pas passé un seul jour sans que la lutte contre la corruption ne soit pas évoquée comme une obligation ou une mission à mener par les pouvoirs publics. Si à partir de l'expression de telles intentions la corruption demeure toujours aussi vivace dans les discours, alors qu'il apparait qu'elle défit les pouvoirs publics et qu'elle prospère même, il y a bien dans ce cas un obstacle qui assure indirectement ou directement l'impunité à ses auteurs. Où pourrait-il se trouver cet obstacle ? Les interrogations ne pourront pas cesser car c'est dans la nature de l'homme de chercher constamment à s'enrichir. Y en a-t-il de ceux qui ne voudraient pas s'enrichir ? La différence se trouve non pas dans les aspirations mais dans les valeurs morales. S'enrichir ? Oui mais comment. Qu'est ce qui incite à la corruption et comment et par qui lutter contre ce phénomène ? Il n'est pas normal que tout soit attendu du Président pour ce qui concerne la lutte contre la corruption. Il y a un Etat et il y a des institutions. Ce n'est pas au Président de sanctionner mais à la justice. Le Président dans tous ses discours répétait sans cesse la nécessité impérieuse que la lutte contre le terrorisme soit menée avec efficacité. Ce sont des instructions et pas des phrases en l'air. Que pourraient en penser les simples citoyens qui s'arrêtent à la première lecture ? Faudrait-il alors que la sanction contre la corruption soit " décidée " par le Président et lui seul ? A chaque fois qu'il faudrait justifier un déficit, une déviation, les officiels et les non officiels s'engagent dans une course à des argumentations qui concernent les textes, parfois l'environnement international, mais parfois occultent les adaptations des hommes et des femmes. On parle souvent des défis à relever mais qui doit s'en charger en tant qu'acteur ? Il en a existé de ceux estimaient que le dévoiement politique, ou le dévoiement du processus démocratique, était dû à l'impréparation des populations à entrer dans le pluralisme politique. Nulle place n'était réservée à la possibilité de dire ou même seulement de supposer que la classe politique elle-même n'y était pas préparée. C'est la classe politique qui devrait subir des réformes car elle est pratiquement seule responsable d'abord du transfert des virus vers la société, de la dénaturation du champ politique, du risque avéré de la rupture de la cohésion nationale et fatalement de la double impossibilité ou difficulté de la relance de l'économie et de l'amortissement des frustrations socio-économico-politiques des populations.