L'Iran a affirmé hier que toute tentative de la part des Occidentaux de sanctionner les ventes d'essence à l'Iran était vouée à l'échec. L'Iran est le cinquième exportateur mondial de pétrole, mais ses capacités limitées de raffinage l'obligent à importer au moins 30% de ses besoins en essence. Le Congrès américain prépare actuellement des mesures législatives visant à sanctionner les firmes qui fourniraient de l'essence à l'Iran. Certaines d'entre elles, et plusieurs courtiers internationaux, ont déjà cessé de le faire. Pour Hojjatollah Ghanimifard, directeur-adjoint de la Compagnie nationale iranienne du pétrole, ce sont d'abord les raffineurs qui pâtiraient d'une telle mesure. L'Iran, quant à lui, n'aurait aucune difficulté à se procurer de l'essence, a-t-il ajouté. "L'achat d'essence sur le marché international est aisé pour tous les pays et, d'autre part, le niveau des produits dérivés importés en Iran est quelque peu négligeable comparé à l'ensemble des transactions internationales", a-t-il dit, selon le site internet Shana. Il a précisé que les raffineries iraniennes opéraient aujourd'hui à 85% de leur capacité et passeraient à 100% après les travaux qui y auront été effectués au printemps. A l'instar d'autres responsables iraniens, il a dit espérer que la suppression progressive par le gouvernement des soutiens aux prix des produits alimentaires et énergétiques ferait baisser la consommation et contribuerait à faire de l'Iran un exportateur net de produits pétroliers.L'Iran a avisé formellement lundi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de l'accord d'échange de combustible nucléaire conclu la semaine dernière à Téhéran avec le Brésil et la Turquie. Aux termes de ce document qu'il présente comme une "percée", l'Iran transférerait 1.200 kg d'uranium légèrement enrichi en Turquie et recevrait en échange du combustible pour son réacteur de recherches médicales à Téhéran. Les puissances occidentales considèrent que l'accord, qui reprend les grandes lignes d'un compromis accepté il y a plus de six mois puis renié par l'Iran, est dépassé par les événements, Téhéran ayant réaffirmé sa volonté de poursuivre ses activités d'enrichissement de l'uranium. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne, interlocuteurs de Téhéran sur ce dossier, en sont désormais au stade d'un quatrième train de sanctions contre l'Iran au Conseil de sécurité des Nations unies. Pour sa part, l'Iran a menacé de jeter aux orties son accord avec le Brésil et la Turquie, considéré par les "Six" comme à minima et trop tardif, si le Conseil de sécurité adopte le mois prochain comme prévu le projet de nouvelles sanctions. Le responsable du programme nucléaire iranien, Ali Akbar Salehi, a officiellement informé de cet accord le directeur de l'AIEA, Yukiya Amano, lors d'une rencontre de 45 minutes lundi matin à Vienne, siège de l'agence. Selon l'agence de presse officieuse iranienne Fars, cette démarche "marquera le début de négociations plus en détail sur l'échange de combustible" avant la signature d'un accord écrit avec l'AIEA. Les grandes puissances doutent de la nouvelle position iranienne dans la mesure où les 1 200 kilos d'uranium faiblement enrichi que Téhéran accepterait de transférer ne représentent plus l'essentiel de ses stocks, fortement consolidés depuis la première proposition d'échange convenue avec les Etats-Unis, la Russie et la France. "Ils disent qu'ils enrichissent plus pour produire du combustible pour le réacteur de Téhéran. Pourquoi continuent-ils cette activité puisqu'ils obtiendraient ce combustible aux termes de l'accord ? S'ils continuent sur cette voie, je doute fort que l'accord avec la Turquie et le Brésil nous mène où que ce soit", confie un diplomate occidental. Les puissances occidentales considèrent que l'accord passé avec les deux membres non permanents du Conseil de sécurité n'est qu'une tactique dilatoire pour épargner à l'Iran une nouvelle série de sanctions, plus ciblées que toutes celles décrétées depuis 2006.